Procès tentative d’évasion à Makala: l’affaire est suspendue, le tribunal se tourne vers l'hôpital camp Kokolo pour le diagnostic des femmes victimes de violences sexuelles

ACTUALITE.CD

L'étape des réquisitoires et plaidoiries dans l'affaire opposant le ministère public aux présumés auteurs de la tentative d'évasion à la prison Makala doit encore attendre devant le tribunal militaire garnison de Kinshasa/Ngaliema siégeant en procédure de flagrance à la prison de Makala.

Au cours de l'audience de ce lundi 23 septembre 2024, le président du tribunal militaire a informé les parties de la suspension du procès jusqu'à ce que sa juridiction soit en possession des rapports médicaux des victimes des violences sexuelles conformément au précédent jugement avant dire droit autorisant leur prise en charge médicale et psychologique des victimes.

"Jusque ce matin aucun rapport des médecins n'est parvenu au greffe pour que le tribunal puisse le soumettre au débat afin de procéder aux réquisitions et plaidoiries tant attendu que s'agissant des faits le tribunal s'était estimé suffisamment éclairé. Cela étant, nous sommes dans l'impossibilité de procéder à l'étape suivante étant donné que les conclusions du rapport d’expertise médicale légale aboutiront à l’évaluation des préjudices s'agissant des victimes liées aux genres. C’est pourquoi ce matin, nous venons de requérir le médecin directeur de l’hôpital militaire de référence du camp Kokolo avec le même devoir, avec espoir qu’il accordera les bénéfices de l’urgence à cette expertise", a expliqué le capitaine Guy Kweshi, juge président du tribunal militaire garnison de Kinshasa/Ngaliema.

Le tribunal a décidé de saisir cette fois-ci l'hôpital militaire du camp Kokolo faute des réponses de la part des dirigeants de l'hôpital militaire camp Tshatshi comme annoncé au jugement avant dire droit portant réquisition de l'hôpital militaire du camp Tshatshi pour la prise en charge médicale et psychologique des victimes des violences sexuelles.

"À l'audience de remise, le tribunal a rappelé les termes de la réquisition adressée au médecin directeur de l'hôpital militaire du camp Tshatshi avec comme mission de prêter son ministère et lui avons donné pour mission au regard des faits perpétrés la nuit du 1er au 2 septembre 2024 dans la prison centrale de Makala où il a été enregistré plusieurs actes déplorables dont également les actes des violences sexuelles contres des femmes détenues d'établir et nous déterminer par expertise médicale légale l'état actuel desdites victimes ainsi que les répercussions éventuelles en établir donc les recommandations et des soins appropriés au cas par cas, faire rapport en tenant compte de la célérité liée à la procédure de flagrance", a fait remarquer dans sa communication le capitaine Guy Kweshi.

Face à cette situation, il a révélé que les parties seront informées de la nouvelle date de l'audience une fois que sa juridiction sera en possession des résultats des médecins.

"Nous nous devons de suspendre cette affaire jusqu’aux conclusions du rapport et nous allons devoir notifié les parties de la nouvelle date d’audience, parce que nous avons tenté d’accorder 48 heures à l’expert pour nous donner le rapport afin de procéder aujourd’hui au débat malheureusement ce travail, admettons qu’il le fasse aujourd’hui et demain. La prudence veut que, qu’il n’y ait pas une date certaine pour la poursuite de cette affaire, les parties seront notifiés de la nouvelle date  d’audience en attendant les conclusions du rapport de l’expert, l’audience est suspendue jusqu’à la nouvelle date".

Actuellement, les raisons de la tentative d'évasion à Makala ne sont toujours pas élucidées. Mais le bilan annoncé par le gouvernement (131 morts) est contesté par certaines organisations de la société civile. Selon les autorités, il y a des morts par balles (24), tandis que d’autres détenus sont morts suite aux tirs de sommation, ou encore par bousculade et étouffement.

Au total 64 prisonniers (60 civils et 4 militaires) sont poursuivis en procédure de flagrance devant le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Ngaliema pour viol, terrorisme, destruction méchante et incendie volontaire.

Clément MUAMBA