La ville de Kinshasa connaît, pour la quatrième année de suite, son festival de danse dénommé “Bosangani”. Le concept qui est mis en valeur cette année est le Royaume Kongo, ancien espace géographique qui a réuni des pays actuels tels que le Gabon, la République du Congo, l’Angola ou encore la RDC qui y tire même son nom. Retour aux sources, clin d’œil à la tradition, sensibilisation sur la mémoire ? La réponse sera donnée en danse du 9 au 16 septembre à différents lieux de la ville.
Parmi les particularités du Royaume Kongo, l’art était bien présent, occupant une place de choix dans le quotidien des kongolais et de leurs dirigeants au plus au niveau. Le royaume a connu des formes originales d'art sacré qui se traduisent entre autres par la production de crucifix et plusieurs figures religieuses en laiton. Cependant, le Festival Bosangani s’intéresse notamment au Tam-tam et ses sonorités qui s’exécuteront sous les mouvements des danseurs qui feront plonger dans un univers si loin et si proche.
Pour ce faire, le ballet Umoja est convié à cette fête de la danse cette année beaucoup plus pour la partie histoire du Royaume Kongo, avec un accent sur l’usure des instruments tels que le tam-tam. Des artistes spécialistes du tam-tam sont au rendez-vous.
Apprendre et faire apprendre
Jolie Ngemi, chorégraphe, danseuse contemporaine, urbaine et traditionnelle, est à l'origine de ce festival “Bosangani”. Née à Kinshasa, elle a été formée à l'école Parts de Bruxelles. Bien qu'elle ait voyagé à travers le monde, elle reste profondément ancrée dans sa ville natale. À travers le Festival Bosangani, elle aspire à insuffler une nouvelle dynamique chorégraphique en RDC, une sorte de restitution de ce qu’elle a appris à Kinshasa et ailleurs.
« En ayant ma bourse d’études pour la Belgique, ce qui m’avait intrigué là-bas, c’est l’immensité des cours qui étaient donnés. La scénographie, la gestion des lumières et plusieurs éléments réunis. C’était pour moi important d’amener des Master class, des ateliers, dans ce festival, pour que les artistes apprennent des choses », a dit Jolie Ngemi lors de la conférence de presse de cette quatrième édition du festival.
Au programme, pendant la semaine du festival, des Masterclass données par des mentors internationaux et locaux aux professionnels, des spectacles, concerts, ateliers, débats constructifs, des performance urbaine à la rencontre d'un nouveau public, des battles hip hop all style. Les activités se tiendront à l’Institut Français de Kinshasa, l’École Belge, la résidence de l’ambassadeur suisse en RDC, le centre Wallonie-Bruxelles et le site touristique Picasso beach.
Des artistes sont venus de la Suisse, la Belgique, la Côte d’Ivoire, la France et Burkina Faso, en plus de la majorité qui se trouve en RDC.
Quid de “Bosangani” ?
“Bosangani” est un mot lingala qui veut dire "Rendezvous, Rencontre ou Réunion". A travers ce projet initié par la danseuse Jolie Ngemi, il y a une envie d’ouvrir une nouvelle page et participer au développement culturel de la RDC et de l'Afrique. Dans ce contexte de festival, le plus important est de créer un espace d'écoute de l'autre et de soi, un espace de partage, un espace d'éveil de la curiosité.
Ce festival met en place des outils de transmission par le biais de rencontres et d'évènements autour des métiers du spectacle vivant, il est un rendez-vous intergénérationnel. Les artistes émergents profitent des rencontres misent en place avec les artistes confirmés pour nourrir leur propre travail, et vice versa. Bosangani est un rendez-vous fédérateur entre les institutions et artistes qui créent le terreau de la création congolaise.
Dans le fond, l’idée n’est pas de faire bouger uniquement le corps mais d’aller plus loin, dans le pourquoi de chaque mouvement. Jolie Ngemi qui a fait des études de danse en Belgique a de quoi apprendre aux plus jeunes. Mais pas qu’elle, des masterclass se tiennent avec d’autres anciens du domaine dans la ville et ceux venus de l’étranger.
Aussi, dans la longévité, le festival se veut de travailler avec les mêmes artistes et ajouter d’autres au fur et à mesure pourvu de suivre l’évolution de chacun d’entre eux. Les danseurs proposent des spectacles chaque année et un de ceux-ci a été retenu et est allé se jouer en Europe. Ce qui représente un progrès considérable pour le développement de ce festival qui n’a que 4 ans d’existence.
Kuzamba Mbuangu