À la suite de la visite du ministre d'État, ministre de la Justice et garde des Sceaux Constant Mutamba au Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK), aussi appelé prison centrale de Makala, Emmanuel Adu Cole, président de la Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP), plaide pour des sanctions contre des magistrats.
Emmanuel Adu Cole estime que ces magistrats contribuent à la surpopulation au sein de cette maison carcérale. À l'en croire, les magistrats considèrent la prison comme un moyen de gagne-pain, et envoient des personnes en prison même pour des infractions bénignes. Il dénonce également la lenteur dans la prononciation des arrêts, en violation des droits de l'homme.
"Il faut des sanctions contre les magistrats qui considèrent les prisons comme une affaire de commerce pour y envoyer des gens. S'il s'agit de qualifier certaines infractions d'abus de confiance, je crois que nous tous ne devrions pas être épargnés. Pour les infractions bénignes, nous croyons que les magistrats ne devraient pas envoyer des gens en prison, surtout au niveau de la police. Il faudra aussi que chaque institution fasse son travail : l'inspectorat doit faire son travail, effectuer des contrôles au niveau du parquet, et le parquet, à son tour, doit contrôler les cachots de la police. C'est ce qui n'est pas fait", a déclaré Emmanuel Adu Cole de la Fondation Bill Clinton pour la Paix, devant la presse samedi 27 juillet 2024.
Emmanuel Adu Cole a émis le souhait de voir l'actuel ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui est avocat de profession, peser de tout son poids pour remettre de l'ordre dans ce secteur.
"Il faudra que le ministre lui-même, en tant qu'avocat, sachant comment ça se passe, mette la pression sur les magistrats qui utilisent les prisons pour s'enrichir. Il faut aussi des mesures sévères contre les magistrats qui ne respectent pas la loi et la Constitution de la RDC", a recommandé Emmanuel Adu Cole de la Fondation Bill Clinton pour la Paix.
Des vidéos troublantes de l’intérieur du Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) ont été partagées le week-end dernier par le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, directeur de publication adjoint de ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique en RDC. Ces images inédites ont été documentées pendant sa détention de près de sept mois dans cette maison carcérale.
L’hébergement est marqué par la surpopulation, entraînant des décès fréquents par étouffement et diverses maladies. Les prisonniers dorment perchés sur les latrines, et des repas maigres et de mauvaise qualité sont servis une seule fois par jour entre 17 et 18 heures. La cuisine, faite au feu de bois, doit nourrir 15 000 personnes, et il n'y a pas d'eau potable au robinet. Les prisonniers font leurs besoins naturels à l'air libre, les latrines étant hors service ou inutilisables par manque d'eau. Les conditions réelles de détention dans la prison de Makala sont alarmantes et affreuses.
La plus vaste prison de la capitale congolaise, avec une capacité d’accueil théorique de 1 500 détenus, est située dans la commune de Selembao, à proximité de Makala, Bumbu, Ngiri-Ngiri et Bandalungwa. La prison de Makala héberge une population carcérale très diversifiée, composée de détenus en détention provisoire et de condamnés, de civils et de militaires, d’adultes, hommes et femmes, et de mineurs.
Clément MUAMBA