À la suite du rapport du groupe d’experts des Nations-Unies (ONU) qui confirme la présence renforcée de l’armée rwandaise au Nord-Kivu, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a appelé la communauté internationale à prendre des mesures politiques, économiques et judiciaires sévères à l’encontre du Rwanda et de ses dirigeants. Ce rapport présente des preuves "accablantes" et "indiscutables" de près de 4.000 militaires, nombre largement supérieur à celui des rebelles du M23.
"Le Gouvernement de la République appelle toutes les Nations civilisées, éprises de paix et de justice, ainsi que l’ensemble de la communauté internationale, à prendre des mesures politiques, économiques et judiciaires sévères à l’encontre du Rwanda et de ses dirigeants, dont les troupes opérant en République Démocratique du Congo ciblent aussi les casques bleus et les infrastructures de la MONUSCO qui sont des faits constitutifs de crimes de guerre", dit le gouvernement dans un communiqué rendu public jeudi 11 juillet 2024.
Le gouvernement congolais note que les experts mettent aussi en évidence que le pillage des ressources minières et forestières occasionné par cette instabilité qui profite principalement au Rwanda. Ce rapport, dit-il, vient ainsi confirmer le point de vue de la République Démocratique du Congo sur les raisons économiques de cette guerre d’agression menée par le Rwanda.
Cependant, les experts des Nations-Unies disent avoir eu confirmation d'un "soutien actif" au M23 de membres des services de renseignement de l'Ouganda malgré la collaboration des armées congolaise et ougandaise contre un autre groupe rebelle les Forces démocratiques alliées (ADF), affilié à l'organisation jihadiste État islamique, tout au nord du Nord-Kivu. Le rapport des experts de l'ONU affirme que des officiels ougandais ont permis le transit sans restriction des troupes du M23 et de l'armée rwandaise à travers l'Ouganda. Le document mentionne également que des responsables du M23 ont été aperçus à plusieurs reprises cette année en Ouganda.
Kinshasa a toujours pointé du doigt le Rwanda dont les soutiens au M23 ont déjà été révélés par plusieurs organisations internationales, ainsi que les experts de l’ONU. Jusqu'ici, l’implication de l’Ouganda n'était pas publiquement évoquée même si au pays, plusieurs personnalités politiques ne cessent de citer Kampala d'être aussi derrière le M23.
La rébellion du M23 contrôle près d’une centaine de villages dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et depuis fin juin elle a conquis quelques agglomérations du territoire de Lubero. Partout dans ces entités, les rebelles ont instauré une nouvelle administration avec des dirigeants de leur obédience. Et les populations sous occupation sont contraintes, pour celles n’ayant pas fui, d’adapter leur mode de vie pour « plaire au régime belliqueux ».
Le rythme s'est accéléré depuis le début du mois de mai. Selon le mouvement citoyen Lucha, 87, c'est le nombre des villages cités occupés par l'armée Rwandaise et le M23 en territoires Rutshuru, Masisi, Nyiragongo et Lubero dans la province du Nord-Kivu. Les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont récemment abandonné Kanyabayonga, soumises depuis plusieurs semaines aux tirs de l’artillerie du M23 soutenus par le Rwanda. Cette situation a conduit à l'ouverture de plusieurs procès en flagrance avec des sanctions des peines de mort pour certains officiers militaires.
Clément MUAMBA