Élections 2023 en RDC : La corruption gangrène le processus démocratique, s’alarment les églises catholique et protestante

Photo d'illustration
Un bureau de vote à Kabare au Sud-Kivu

La corruption a gangréné le processus électoral de 2023 en République démocratique du Congo (RDC). Ceci ressort du rapport final de la  Mission d'observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo et de l’Eglise du christ au Congo (MOE CENCO-ECC),  présenté ce lundi à Kinshasa. 

Durant cette période, des pratiques antidémocratiques ont été largement observées, notamment l'achat des voix des grands électeurs par les candidats, pour ce qui est des élections des sénateurs et des gouverneurs de province. Les pratiques de corruption ont poussé certains candidats à se retirer de la course, dégoûtés par l'ampleur du phénomène, observe la MOE CENCO-ECC, « faits corroborés par les différents communiqués de la CENI, de la Cour de cassation et du Ministère de la justice », peut-on lire dans ce rapport, qui note également que certaines scènes diffusées dans les réseaux sociaux ont confirmé ces allégations de corruption ».   

En en croire cette mission d’observation des élections, les opérations électorales n'ont pas échappé à la corruption. Des cas de détention illégale de matériel électoral, de fraudes, de destruction méchante et d'atteintes à l'intégrité physique du personnel de la CENI ont été recensés. Ces agissements ont choqué l'opinion publique et suscité une vive indignation. 

« La MOE CENCO ECC exhorte les Cours et Tribunaux, chacun selon ses compétences, à enquêter sur tous ces cas et en sanctionner les auteurs à chaque fois qu’il y a clameur publique, dénonciation ou commission d’actes répréhensibles commis à l’occasion de l’organisation des élections », peut-on lire dans le document.

La corruption n’a pas par ailleurs épargné le traitement des contentieux électoraux. Des soupçons de corruption ont pesé sur certains juges, ternissant l'image de la justice. 

«La MOE CENCO-ECC encourage l’Inspectorat Général des Services Judiciaires à enquêter sur ces cas et à en tirer les conséquences chaque fois que de besoin. Elle exhorte en outre les parquets compétents d’enclencher les mécanismes des poursuites à l’endroit des présumés auteurs de corruption ou de concussion lors des élections, et singulièrement lors des traitements des contentieux électoraux ; elle invite, par ailleurs, la Cour Constitutionnelle à prendre un arrêt de principe sur la notion d’erreurs matérielles afin d’éviter, à l’avenir, les protestations autour de cette question », précise le communiqué. 

Face à ce tableau sombre, la MOE Cenco-Ecc appelle notamment au renforcement de  la lutte contre la corruption, l’amélioration de la  sensibilisation des électeurs et des acteurs politiques aux principes d'une élection démocratique, le garanti de  l'indépendance et l'impartialité de la justice aussi, la clarification de la notion d'erreurs matérielles dans les arrêts de la Cour Constitutionnelle.

Bruno Nsaka