Un manager avéré pouvant justifier d'une expérience dans la gestion de grands projets tant dans le secteur privé que public, avoir un vécu dans la province, un sens de redevabilité et de proximité envers la population, un savoir-faire pouvant participer celle-ci à la gestion de sa cité. Telles ont été des recommandations majeures évoquées par la Société civile notamment Iconia Institute et Initiatives de veille citoyenne lors de l'atelier des gouvernances de provinces organisé du jeudi 29 février au vendredi 1er mars à la salle Garamba au sein de l'immeuble de la Territoriale, en prévision des élections des gouverneurs et vice-gouverneurs au mois d'avril sur l'ensemble de la République dont Kinshasa.
Un atelier de deux jours pour réfléchir sur la gouvernance de provinces et spécifiquement Kinshasa, le miroir de la RDC, fort de ses plus de 15 millions d'habitants. Des travaux qui ont évalué la gestion de l'ex-Léopoldville et le profil de ses futurs dirigeants : le gouverneur et le vice-gouverneur.
La sécurité avec en ligne de mire le banditisme urbain mieux connu sous le nom de "Phénomène Kuluna", la santé et l'environnement notamment l'insalubrité, le transport, l'urbanisme et les infrastructures avec au passage les embouteillages, la dégradation de plusieurs routes, l'entrepreneuriat et les Nouvelles technologies de l'information et de la communication ( NTIC), ont été passés au peigne fin par ces membres de la Société civile.
" Nous notons une forte recrudescence du banditisme urbain communément appelé Kuluna dans la ville de Kinshasa. Cette situation inquiète de plus en plus car aucune commune de la ville de Kinshasa n'en est épargnée. Ajouté à cela, un service de police prédateur, que ce soit dans la circulation routière autant que dans les services de police dits de proximité. Le Kinois est aujourd'hui en proie et aux bandits, et aux services dédiés à sa sécurité", ont fait savoir ces membres de la Société civile dans le volet sécurité.
Ainsi, Iconia Institute et Initiatives de veille citoyenne militent pour le renforcement en effectifs, et en logistique pour le service de la police nationale, afin de garantir sa fiabilité ; la mise en place d'une politique d'encadrement des jeunes désœuvrés afin de prévenir des tendances à la radicalisation caractérisée par les phénomènes Kuluna et Shegue.
Carton rouge à l'appartenance régionale
Concernant les futurs décideurs pour Kinshasa, l'appartenance régionale est mise de côté, elle est loin d'être un obstacle devant barrer la route pour prendre les commandes de Kinshasa.
"Les gouverneurs et leurs vice-gouverneurs doivent être des managers avérés, pouvant justifier d'une expérience dans la gestion de grands projets dans le secteur privé autant que dans le secteur public, justifier d'avoir vécu dans la province qu'ils souhaitent diriger. L' appartenance régionale pour Kinshasa surtout ne doit pas constituer un critère pour diriger les provinces, être congolais d'origine étant suffisant pour cela", peut-on lire dans les recommandations.
Connotation politique et politicienne obsolète
Halte à la connotation politique et politicienne comme critère de base dans la désignation du tandem gouverneur-vice gouverneur. C'est désormais obsolète, à en croire ces membres de la Société civile.
" Stopper la pesanteur des partis politiques dans la désignation des candidats gouverneurs et leurs vices, ainsi que dans la gouvernance des provinces pour éviter d'avoir des animateurs incompétents et les instabilités de gestion des provinces. Harmoniser les compétences des gouverneurs et vice-gouverneurs, afin d'éviter le chevauchement et de garantir une gestion cohérente et harmonieuse", a indiqué ces structures de la Société civile.
"Les gouverneurs de provinces doivent faire d'un sens de redevabilité et de proximité envers et avec la population, et savoir faire participer celle-ci à la gestion de sa cité. Nous formulons le voeu de voir ces aspirations être prises en compte par les divers acteurs concernés sur la chaine de gouvernance allant du pouvoir central à celui des provinces", ont-elles renchéri.
Kinshasa depuis belle lurette n'est plus la belle mais la poubelle suite aux immondices, déchets ça et là. Le phénomène Kuluna a la peau dure au gré de vague des gouverneurs qui se suivent, des embouteillages sont légion, la détérioration des routes est monnaie courante. Des taxes au niveau des marchés publics sont devenues la tasse de café des gouvernants au quotidien.
Kin Bopeto sous Ngobila dont le refrain a résonné dans toutes les langues n'a pas convaincu la population Kinoise.
En effet, Carbone Beni, Directeur exécutif de Iconia, a précisé que les décisions issues de cet atelier seront présentés aux décideurs politiques.
"Nous allons présenter nos recommandations aux décideurs politiques notamment le Chef de l'État, les présidents des regroupements politiques, aux élus provinciaux mais aussi auprès des candidats prononcés. Ce n'est pas interressant d'avoir des dirigeants qui se chamaillent en tout moment sans faire avancer le pays. Il faudrait que le gouverneur soit des personnes modèles", a dit Carbone Beni.
Jordan MAYENIKINI