Drame sur le fleuve Congo : les survivants témoignent de l'horreur d'une nuit tragique à bord de la baleinière Mapamboli

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Baleinière à Mbandaka

Mbandaka - 16 octobre 2023 - Le port fluvial de Bankita est plongé dans le deuil et la confusion. Les esprits sont tendus, et les familles des disparus prient pour un miracle, espérant que certains d'entre eux seront retrouvés vivants. Trois jours après la tragédie qui a frappé la baleinière "MAPAMBOLI," les rescapés restent marqués, les yeux hagards, incapables d'oublier l'horreur qui s'est déroulée sur le fleuve Congo.

Le drame a eu lieu lors d'une manœuvre au port fluvial de Bankita, situé au cœur de Mbandaka, la capitale de la province de l'Équateur, vendredi dernier vers 21 heures. La baleinière transportait plus de 300 passagers, ainsi que des marchandises précieuses telles que des sacs de ciment, des barres de fer et des milliers de litres de carburant. Cependant, la surcharge et la navigation de nuit ont conduit à une tragédie qui a déjà fait au moins 30 victimes confirmées, tandis que 167 passagers restent portés disparus, selon le bilan provisoire communiqué par le ministre provincial de la santé et de l'action humanitaire, Didier Mbula.

Les opérations de récupération des corps se poursuivent, mais les morgues des hôpitaux de Mbandaka débordent en raison de l'afflux de victimes. Les familles des disparus vivent dans l'incertitude, espérant désespérément des nouvelles de leurs proches.

Témoignages des survivants

Jeanpy, l'un des rescapés, décrit leur désarroi : "Nous faisions partie des passagers de la baleinière. Tout ce que nous avions a été englouti par les eaux. Nous sommes démunis, coincés à Mbandaka sans moyen de retourner dans nos villages. Nos biens ont été perdus, nous avons faim, nous n'avons nulle part où dormir. C'est une situation désespérée. Nous cherchons de l'aide pour rentrer chez nous."

Epunza, une autre rescapée, implore le secours pour elle et sa famille : "Nous ne savons pas comment nous allons retourner dans nos villages. Nous avons demandé aux autorités de venir à notre aide. Personne d'autre ne le fera à part elles. Des hommes, des enfants et des femmes sont morts, et pendant ce temps, nous sommes bloqués à Mbandaka. Pendant ce temps, nos familles pleurent, elles sont en détresse car nous ne sommes pas là pour les aider."

Les récits des survivants soulignent la confusion et la tragédie qui ont marqué la catastrophe. Manuka, qui était à bord de la baleinière, se souvient : "Le convoi était surchargé en raison du nombre de passagers et de leurs biens. Nous sommes partis vers 22 heures, mais les gens résistaient, inquiets de la quantité de marchandises embarquées. Les responsables de la baleinière ont ignoré leurs préoccupations et ont forcé le départ. En conséquence, nous avons été jetés à l'eau, perdant nos biens et des vies. C'est incompréhensible. J'ai perdu mon sac et ma valise, j'ai tout perdu."

Austin Diaondo témoigne : "Je viens de Bolomba et je suis actuellement à Mbandaka. J'ai perdu six membres de ma famille dans cette tragédie, trois ont été retrouvés, les autres restent portés disparus. Nous attendons de l'aide pour retrouver les corps des victimes. Les survivants sont ici, y compris des élèves et des gens venus des villages voisins pour chercher de l'aide. C'est une catastrophe, et nous demandons aux autorités de nous aider à rentrer dans nos villages et d'enterrer dignement ceux qui ont perdu la vie."

Ces témoignages poignants dépeignent l'ampleur de la tragédie qui a touché tant de vies le long des eaux tumultueuses du fleuve Congo. Les opérations de secours et de récupération des corps se poursuivent, mais la douleur et la perte restent vives au cœur de Mbandaka.

Contexte 

Selon les premiers éléments, le drame de la baleinière "Mapamboli » a été provoqué par le non-respect des mesures de navigation, y compris la surcharge et la navigation nocturne. Les opérations de secours continuent, avec l'espoir que d'autres passagers puissent être retrouvés sains et saufs. La situation reste critique, alors que les familles des victimes attendent des nouvelles de leurs proches portés disparus.

Peter GBIAKO NGBALA, à Mbandaka