L’Inspection générale des finances (IGF) a transmis, fin avril dernier, au gouverneur du Haut-Uélé, les conclusions d’une mission de contrôle qu’elle a effectuée sur la gestion de cette province au mois de février de l’année en cours. Dans ce rapport, plusieurs faits sont retenus à charge du gouverneur Beseane Nangaa notamment “le prélèvement anticipé des recettes fiscales des exercices 2023, 2024 et 2025 auprès de Kibali Gold et leur utilisation, sans pièces justificatives retracées à la comptabilité de la province, pour un montant total de USD 2.750.000”.
Consécutivement à ce rapport, la synergie des sociétés civiles du territoire de Watsa a appelé à des journées ville-morte pour, d’une part, réclamer le remboursement de cet argent et surtout le départ du gouverneur et, de l’autre, dénoncer la multiplicité des taxes conventionnelles (34) qui pèsent sur les dos de la population. Démarrées mercredi, ces journées ville-morte se sont poursuivies jeudi 20 juillet sur l’ensemble du territoire de Watsa et dans la zone minière de Durba.
Les activités socio-économiques sont restées paralysées. Des boutiques fermées, les agences de voyage et les parkings taxi-moto sont vidés pour respecter le mot d'ordre de la synergie des sociétés civiles du territoire de Watsa.
« Le mot d'ordre de la synergie des sociétés civiles est respecté à 90 % malgré la manipulation des autres par les autorités qui appelaient au boycott de ces activités. Mais c'est le contraire sur le terrain. C'est l'argent de la population qui est bouffé gratuitement. La population est déjà mature car à Tora, il n'y avait pas d'incidents et nous pensons que les gens feront la même chose ici pour que notre réclamation respecte les lois du pays. Nous voulons voir que notre argent soit remboursé dans la caisse de l'État pour permettre le développement de notre province et nous réclamons aussi le départ du gouverneur Nangaa », a dit ACTUALITE.CD, Étienne Mbari Constant, président de la sous coordination de la société civile en secteur Kibali, affirmant qu'il n'y a pas barricade des routes ni dérapage.
A la jeunesse de saluer la maturité de toute la population qui a pris conscience et soutenu toutes les actions jusqu'au départ du gouverneur. « Je salue la conscience prise par toute la communauté depuis Watsa jusqu'à Durba. J'appelle la population à maintenir cette attitude pacifique jusqu'à ce que nous ayons gain de cause », Atafo Waro Lavie, président de la jeunesse.
Il sied de noter que la synergie de la société civile dans le territoire de Watsa a appelé la population à la ville morte jusqu'à l'ouverture des activités qui pourraient reprendre ce samedi avec l'incivisme fiscal.
Plusieurs griefs pèsent sur le dos du gouverneur de la province du Haut-Uélé. Outre le prélèvement anticipé des recettes fiscales auprès de Kibali Gold, il y a aussi, d’après le même rapport, le recours prohibé aux prêts bancaires, du reste, non retracés dans la comptabilité de la Province pour un total de USD 6.407.233,19 ; la présomption de détournement des fonds de rétrocession du Pouvoir Central au profit de la Province pour un montant total de CD 2.165.812.999 pour les exercices 2020 et 2021; la présomption de détournement des recettes de péage aux points LEGOU, OBONGONI, BAFUABAKA, BOLEBOLE, BOH, NGBONGBOTI dont CDF 2.880.000.000 estimés pour l'année 2022 et CDF 14.457.941.764 pour le péage de BOH ; les sorties des fonds de la banque, sans pièces justificatives, évaluées à USD 4.805.155,28 et CDF 7.264.697.576 entre 2022 et 2023 ; le défaut de paiement des agents et cadres de la province ainsi que des anciens ministres provinciaux ; les irrégularités aggravées dans la passation des marchés publics évaluées à USD 35.409.003.
Freddy UPAR, à Bunia