Kasaï Oriental: depuis plus de six mois, une grande partie de Mbuji Mayi manque l’électricité, la principale centrale de la MIBA en panne 

ACTUALITE.CD

Depuis plus d'un semestre, la ville de Mbuji Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental connaît des perturbations dans la fourniture de l’électricité. Mais une grande partie de la ville est carrément dans le noir. 

La centrale hydroélectrique de Tshiala 1 en panne depuis des mois

La principale centrale hydroélectrique qui dessert la ville en électricité est en panne depuis plus de six mois. Elle est située à 35 km de Mbuji Mayi. Elle alimente aussi les cités de la Société minière de Bakwanga (MIBA). 

"La centrale hydroélectrique de Tshiala-1 connait une panne technique qui perdure depuis des mois. Depuis plus de deux décennies cette centrale, propriété de la MIBA pouvait produire jusqu'à 18 mégawatts. À ce jour, ladite centrale n'en produit plus que 3, 2 mégawatts à la fois très insuffisants pour la MIBA et pour la ville diamantifère sud-ouest Kasaïenne. À l'origine, la vétusté des machines électriques. Ces machines datent de 1933, elles sont incompatibles aux technologies électriques en cours, leurs pièces de rechange sont rares ou carrément invisibles sur le marché", indique à ACTUALITE.CD un responsable de l'autorité de régulation du secteur d'électricité au Kasaï Oriental.

A ce jour, aucun financement n’a été envisagé par le gouvernement pour remédier à cette panne.

"Ce travail peut prendre peu de temps et coûter environ 4 millions de dollars pour obtenir 6 à 8 mégawatts suffisants pour sortir tout Mbuji Mayi du manque d'électricité. Le gouvernement a levé l'option d'investir dans de l'énergie solaire pour 10.000 poteaux avec éclairage public entre 18h et 23h, ce qui est une fois de plus inefficace, sachant qu'un poteau peut avoisiner 1.300 €. Ces frais surpassent de très loin les 4 millions voulus pour relancer les centrales en panne afin de d'alimenter la population dans le noir depuis des mois", souligne la même source. 

La SNEL à elle seule ne suffit pas à alimenter la ville

Quelques quartiers de la ville sont péniblement alimentés par le courant de la SNEL. Les abonnés de la SNEL bénéficient de l’électricité seulement entre 19h et 5h du matin, parce que la SNEL elle-même utilise depuis un bon moment, du gasoil pour faire fonctionner ses générateurs afin d'alimenter ses quelques dizaines d'abonnés.

Conséquences socio-économiques  

Suite au délestage électrique dans quelques quartiers de Mbuji Mayi, et le manque du courant dans la majeure partie de la ville qui compte cinq communes, les conséquences sont incalculables. Dans des chambres froides par exemple, la putréfaction de certains produits est remarquable. Ce qui a entrainé la flambée des prix de vivres frais et des certains produits à consommer frais. Un poulet (poids 10) qui se négocie jusqu’à 15.000 FC. Le prix d’une bouteille de bière varie entre 10.000 et 12.000 FC.

Les conditions de conservation de ces produits au frais sont devenues un casse-tête.

"Les poulets sont conservés dans des mauvaises conditions en général par manque de courant. Les vendeurs se contentent de vider les marchandises quelles que soient les retombées sur la santé publique", s'indigne Eugénie Kapinga, médecin basée à Mbuji Mayi.

A ce jour, le peu de mégawatts d’électricité produits sont a priori destinés aux services publics comme le gouvernorat. En attendant des solutions à venir, la majorité de la population de Mbuji Mayi va oublier l’électricité. 

Jean Marie Makuma