Le Code du travail en RDC reconnaît à l’accouchée seulement deux tiers de son salaire pendant son congé de maternité. Cette période s’étale à 14 semaines consécutives, précise l’article 130. Au mois de mars dernier, le député national Eric Tshikuma a déposé au bureau de l’Assemblée nationale, la proposition de loi modifiant et complétant cette loi. Dans les rues de Kinshasa, des hommes ont donné leur point de vue à ce sujet.
« L’accouchement peut entraîner de nouveaux besoins. Peut-être aussi que le nouveau-né peut tomber malade. Je crois que pour sécuriser la femme qui travaille et qui prend son congé de maternité, il faut que l’employeur lui paie la totalité de sa rémunération pendant cette période », conseille Pajo Mpongo, chauffeur évoluant dans le secteur privé depuis 26 ans.
Directeur des études au sein de l’école primaire Nissi à Kinshasa, Emmanuel Mupompa soutient également cette proposition tout en rappelant le rôle social de la femme, tandis que Jean-Joseph Bwana, gérant d’un restaurant situé à Bon Marché (Barumbu), insiste sur l’impact de cette déduction sur les revenus du couple.
« C’est une bonne proposition. J’appuie son adoption par l’Assemblée Nationale. Le congé de maternité n’est pas une résiliation de contrat. La femme qui va accoucher accomplit simplement son rôle social et toutes les femmes sont du moins appelées à passer par cette étape mais pas les hommes. Je crois que si la loi accorde la totalité de son salaire à la femme qui se trouve en congé de maternité, elle va ainsi encourager la femme autant dans son rôle de procréation que dans son rôle professionnel », souligne Emmanuel Mupompa.
A Jean-Joseph Bwana de renchérir, « Nous sommes dans une société où les revenus de la femme et ceux de l’homme réunis, font vivre des foyers. Ce n’est même pas encore une question de droit des femmes. C’est plutôt une question de survie des familles. 1/3 du salaire qui est déduit, c’est une bonne partie du revenu total du couple qui disparaît pendant trois mois. Alors qu’à ce moment-là, les besoins augmentent et ils sont urgents pour la plupart ».
Songer au secteur privé
En dehors des hypothèses avancées plus haut, d’autres kinois ont suggéré au député national de penser au manque à gagner que peuvent enregistrer les entreprises privées au cours de cette période et suggèrent que l'on puisse les aider à élaborer des stratégies pour combler l’absence des employées en congé.
« Je crois que cette décision peut facilement s’appliquer dans le secteur public. Dans le secteur privé, c’est compliqué de la mettre en œuvre. Supposons qu’une entreprise a 25 employés dont 10 femmes. Si 5 d'entre elles doivent aller en congé de maternité pendant 5 années, cela fait trois mois de totalité de salaire payés sans qu’elles ne puissent travailler (15 mois plus ou moins). Et si nous sommes un peu justes, on pourra reconnaître qu’au cours de cette période-là, l’entreprise va certainement enregistrer une baisse dans les recettes. En tout cas, c’est un sujet qui mérite d’être débattu au niveau de l’Assemblée Nationale avant son adoption », a affirmé Désiré Balumike, cambiste depuis 10 ans.
« Ce serait une bonne chose », dit François Kitenge, responsable de gardiennage dans une banque en ville. Cependant, poursuit-il, « je propose aux députés nationaux, si jamais ils adoptent cet amendement, d’élaborer également des stratégies pour combler le manque à gagner des employeurs privés ».
Il faut également noter que le Code du travail précise que les avantages contractuels en nature devraient être maintenus pendant cette période.
Prisca Lokale