RDC: nouveaux appels au M23 à déposer les armes

Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma
Des déplacés vident le site de Kanyaruchinya pour se diriger vers Goma

De nouveaux appels à déposer les armes ont été lancés ce week-end aux rebelles du M23 dans l'Est de la République démocratique du Congo, où une accalmie était observée samedi sur les lignes de front, après plusieurs jours de violents combats.

L'ex-président kényan Uhuru Kenyatta, "facilitateur" de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC) pour la RDC, a annoncé vendredi soir dans un communiqué que le président rwandais Paul Kagame lui avait dit être prêt à l'aider à obtenir de la rébellion qu'elle cesse le feu et "se retire des territoires conquis".

Pour les Congolais, c'est une forme de reconnaissance que le président rwandais peut agir sur la rébellion puisque, selon eux, le Rwanda la soutient depuis le début. "Enfin, Paul Kagame reconnaît que son pays agresse la RDC!", a par exemple réagi sur Twitter une députée congolaise, Solange Masumbuko.

Le Rwanda conteste ce soutien, que des experts de l'ONU et des responsables américains ont aussi pointé ces derniers mois. Kigali accuse en retour Kinshasa de collusion avec des rebelles hutu rwandais implantés en RDC depuis le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, ce que la RDC nie aussi.

Samedi encore, des marches contre le Rwanda et en soutien aux Forces armées de RDC (FARDC) ont eu lieu dans plusieurs villes, à Kinshasa et Bukavu (Est) notamment. "Non à l'agression rwandaise !", clamaient les slogans.

Ancienne rébellion pro-Kigali, le M23 (Mouvement du 23 mars) a repris les armes en fin d'année dernière, reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des engagements sur le désarmement et la réinsertion de ses combattants.

Il s'est emparé d'une partie d'un territoire au nord de la grande ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, dont les habitants craignent encore une fois de voir arriver les rebelles. Il y a exactement dix ans, le M23 avait occupé Goma pendant une dizaine de jours, avant de se retirer et d'être vaincu l'année suivante.

Pour préparer une nouvelle session de pourparlers de paix prévus dans les prochains jours à Nairobi, Uhuru Kenyatta était au Congo en début de semaine, à Kinshasa puis à Goma, où sont arrivés les premiers soldats kényans de la force régionale créée par l'EAC pour tenter de ramener la paix dans l'Est de la RDC, en proie aux violences de multiples groupes armés.

En marge du sommet de la Francophonie à Tunis, le président français Emmanuel Macron a indiqué que la France soutenait le processus et le déploiement des forces est-africaines, et se donnait "pour rôle de parler aux uns et aux autres, d'exercer la bonne pression". 

- "On avait peur" -
L'ancien président kényan a visité un site au nord de Goma où vivent dans des conditions épouvantables des déplacés chassés par les combats, avant d'appeler l'ONU à "renforcer l'aide humanitaire" dans un communiqué. 

"La reprise des violences depuis le 20 octobre (...) sape les efforts de paix et augmente l'insécurité et la souffrance humaine", ont également déploré dans un communiqué conjoint le département d'Etat américain et les émissaires belge, français et britannique pour les Grands Lacs.

Tous ont dit "condamner fermement" les avancées des rebelles du M23, qu'ils ont appelés à se "retirer immédiatement" et "à cesser les hostilités". 

Plusieurs sources, civiles et militaires, jointes au téléphone samedi depuis Goma, ont constaté un calme relatif sur les différents fronts. "Mais nous déplorons des pillages", a indiqué un représentant de la société civile du secteur de Kibumba, à une vingtaine de km au nord de Goma, en accusant "les Rwandais".

L'armée rwandaise a de son côté fait état d'un incident qui reste à éclaircir. 

"Un soldat non identifié, appartenant apparemment aux FARDC, a traversé la frontière (...) et commencé à tirer vers des tours de garde de l'armée rwandaise. Une patrouille rwandaise l'a abattu avant qu'il ne fasse des victimes", a-t-elle indiqué dans un communiqué. 

Mais l'identité et les motivations de cet homme en uniforme de l'armée congolaise demeuraient inconnues samedi, des sources sécuritaires à Goma affirmant qu'aucun soldat ne manquait à l'appel.

Un habitant du quartier, Grâce Mbala, a simplement dit à l'AFP avoir entendu "beaucoup de coups de feu". "On avait peur, on pensait que c'était le M23 qui rentrait..."


AFP avec ACTUALITE.CD