Dans son discours après sa prise de pouvoir comme nouveau président du Mécanisme régional de suivi de l'accord cadre d'Addis-Abeba, Félix Tshisekedi a fait savoir que la persistance de l'insécurité ne devrait nullement occulter les efforts encourageants fournis ces dernières années pour renforcer la confiance entre les pays de la région et ainsi avancer vers une meilleure coopération diplomatique et sécuritaire.
Dans la droite ligne de la décision du 9e sommet consistant en l'élaboration de la nouvelle approche pour neutraliser les forces négatives, a-t-il rappelé, la RDC a abrité en juin 2019 la première réunion des chefs des services des renseignements et de sécurité de 5 pays signataires. Cette réunion a été suivie de plusieurs rencontres en Tanzanie, au Kenya, au Burundi, lesquelles ont abouti en 2021 à la création et l'adoption du plan d'action du groupe des contacts et de coordination sur des mesures non militaires en complément aux actions militaires contre les forces négatives, plan pour lequel son pays s'est par ailleurs engagé à offrir un siège à Goma dans le Nord-Kivu à sa cellule opérationnelle.
« Ma volonté de voir éclore un environnement de paix et de stabilité à l'Est de mon pays m’a mené dès ma prise des fonctions à entamer une diplomatie de la main tendue et du dialogue vis-à-vis des pays de la région avec lesquels nous partageons ces frontières communes. En faisant du mécanisme national de suivi de l'accord cadre d'Addis-Abeba l'une des clés de voûte de cette action, j'ai tenu à réitérer l'engagement pris par la RDC à œuvrer dans le sens d'annihiler les menaces posées à la paix et à la stabilité envers la région et envers elle-même, c'est notamment dans la défense de cet intérêt national aux implications régionales que certaines avancées ont pu être observées, parmi elles on peut citer entre autres des bons offices fournis en 2019 par la RDC aux côtés de la République d'Angola dans le processus de dialogue amorcé entre la République de l'Ouganda et la République du Rwanda dans le but de préserver la paix et la concorde entre les deux peuples », a déclaré Félix Tshisekedi devant l'assistance.
Et de poursuivre :
« À cet égard, je note avec satisfaction la réouverture, le 31 janvier dernier, de la frontière terrestre Katuna-Gatuna entre les deux pays précités, donc l'Ouganda et le Rwanda, frontières qui étaient fermées depuis février 2019. Dans le même ordre, je tiens à souligner avec administration les résultats fructueux des négociations entre la RDC et la République de Zambie en vue du règlement pacifique du différend frontalier, preuve que la paix ne peut être réalisée par la violence, elle ne peut être atteinte que par la compréhension comme l'a si bien dit Ralph Wado ».
Dans le même registre, Félix Tshisekedi est revenu sur les différentes actions posées par son pays toujours en vue de partager la prospérité dans le sens de la recherche de la paix et de la stabilité dans la région.
« Mon pays a conclu en 2021 des accords de coopération bilatérale avec l'Ouganda, projet de construction des routes là nous avons la route qui part de la frontière avec l'Ouganda de Kasindi qui passera par Beni, Butembo et jusqu'à Goma si tout va bien. Avec la République du Rwanda, nous avons une joinventure dans l'industrie de l'or entre une entreprise nationale congolaise et une entreprise privée rwandaise, un mémorandum d'entente avec la République de Burundi pour développer certains projets le plus important étant le chemin de fer qui viendrait de Dar-es-Salam jusqu'à Uvira en passant évidemment par le Burundi. Avec la République du Congo, le projet de construction du pont route rail sur le fleuve du même nom qui sépare les deux pays, les deux capitales les plus rapprochées du monde, avec la République de Zambie le projet de construction d'une chaîne de fabrication des batteries électriques, avec la République d'Angola la construction du chemin de fer Kolwezi - Dilolo qui va rejoindre celui de Benguela pour aller vers le port de Lobito, avec la République Centrafricaine un projet de mise sur pied d'une barque qui va faciliter la traversée de la rivière entre Bangui et la ville de Zongo. Tout cela, c'est comme pour paraphraser Kofi Annan, prix Nobel de la paix en 2001 et ancien secrétaire général des Nations-Unies qui disait : sans progrès il n'y a pas de paix possible, sans paix, il n'y a pas de progrès possible », a-t-il soutenu.
En plus de Félix Tshisekedi, six chefs d’Etat ont fait le déplacement de Kinshasa pour participer à ce sommet. Il s’agit de l’Ougandais Yoweri Museveni, de l’Angolais João Lourenço, du Burundais Evariste Ndayishimiye, du Sud-africain Cyril Ramaphosa, du Congolais Denis Sassou Nguesso et du Centrafricain Faustin-Archange Touadera. D’autres pays dont la Tanzanie, le Kenya, le Soudan et le Rwanda se sont fait représenter par les membres de leurs gouvernements respectifs. Le secrétaire général adjoint de l'ONU chargé du maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix et le président de la commission de l'UA, Moussa Faki, ont également pris part à ce sommet.
L'accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région avait été signé en février 2013 par 11 pays de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) sous l'égide de l'ONU, à Addis-Abeba, au lendemain de la prise de la ville de Goma par la rébellion du M23. Il interdit aux Etats notamment de s’ingérer dans les affaires internes des pays voisins et de soutenir les groupes armés pour combattre d’autres Etats.
Clément Muamba