Journée internationale de la langue maternelle : la RDC ne promeut pas assez ses langues locales pour qu’elles s’affirment comme véritables outils de communication (prof Ekwaponk)

Des enfants de Masisi dans le cadre d'une campagne sur leurs droits
Illustration. Des enfants de Masisi dans le cadre d'une campagne sur leurs droits

Le monde célèbre ce 21 février la journée internationale de la langue maternelle décrétée par l'Organisation des Nations pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) depuis 2000. Cette journée a notamment pour importance de promouvoir la diversité linguistique, culturelle et le multilinguisme.

Parlant de l'état des lieux de la langue maternelle en République Démocratique du Congo (RDC), le professeur Raoul Ekwaponk, enseignant de Linguistique à l’Université pédagogique nationale (UPN), explique que les langues maternelles sont de moins en moins exploitées que ça soit au milieu scolaire ou encore dans la société. En clair, il dit constater que le pays ne fait passez de prom

« Tout d'abord  la langue maternelle, c'est la première langue parlée par un individu quand il arrive au monde ou dès sa naissance. La langue est un outil important de communication parce que derrière une langue se cache une culture et derrière chaque culture se cache un peuple. Les individus sont identifiés par rapport à leur langue, vous entendrez facilement quelqu’un dire que je suis Muyaka, je suis chinois, allemand etc. cela s'identifie par leur langue parlée. Parlons de la situation linguistique de la RDC. En principe, l'enseignement,  la presse,  les tribunaux doivent utiliser les langues maternelles, les langues les mieux comprises par la population mais malheureusement nos langues ne sont pas suffisamment exploitées.  Déjà dans l'enseignement, on le programme juste au niveau primaire alors que l'idéal serait de mettre en place des mécanismes pour que ces langues se parlent comme outil de communication jusqu'à l'Université mais apparemment nous copions encore la situation coloniale parce que le colon utilisé nos langues juste au début de la scolarisation d'un individu », a dit, à ACTUALITE.CD, le professeur Raoul Ekwaponk.

Et d’ajouter :

« Nous avons plus de 250 langues en RDC mais il n’y a que quatre qui servent des langues  véhiculaires entre autres le Tshiluba,  le Swahili,  le Kikongo et le Lingala mais Je pense que leur exploitation est insuffisante. Nous osons croire que les décideurs ou le pouvoir public ont encore beaucoup d'efforts à fournir pour que nos langues soit suffisamment utilisées pour favoriser un développement cognitif ».

Sur le plan international, à l'occasion de la célébration de la 22ème édition de cette journée, la Directrice générale de la l'Unesco, Audrey Azoulay, a salué le système d'apprentissage des langues à l'aide du numérique.

« La  technologie  peut  fournir  de  nouveaux  outils  à  cet  effet :  en  nous  permettant,  par  exemple, d’enregistrer et de conserver des langues qui n’existent parfois que sous forme orale ; en facilitant leur diffusion et leur analyse ; en un mot, en faisant de parlers locaux un patrimoine partagé.  Mais  avec le risque  d’uniformisation  linguiste  que  porte  internet,  il  faut  aussi  prendre  conscience  que  le  progrès  technologique ne  restera  au  service  du  plurilinguisme  qu’aussi  longtemps  que  nous  y  veillerons », a-t-elle fait savoir dans son message. 

La célébration de la journée internationale de la langue maternelle a pour thème en cette année 2022 : « L’emploi de la technologie pour l’apprentissage multilingue : défis et opportunités ». L'Unesco a voulu rappeler le rôle potentiel de la technologie pour faire progresser l’éducation multilingue et soutenir le développement d’un enseignement et d’un apprentissage de qualité pour tous.

Grâce Guka