Gratuité des services RAM : pour la population, « ce n’est pas un cadeau du gouvernement … des actions citoyennes vont continuer si aucun remboursement n’est fait après le 1er mars »

Photo ACTUALITE.CD

C'est un ouf de soulagement pour la population congolaise en général et kinoise en particulier. Cette dernière n’a cessé de se plaindre suite au paiement mensuel imposé des frais du Registre des appareils mobiles (RAM). Lors de la dernière réunion du conseil des ministres, le gouvernement a décidé de gratifier ce service dès le 1er mars prochain. Plus aucune unité ne sera prélevée dans le solde des utilisateurs et ce, quelle que soit la génération du téléphone (2G, 3G, 4G).  

Pour la population, l’institution de la taxe RAM s’apparentait à une pire escroquerie. Joël Lamika, coordonnateur du Mouvement national des consommateurs lésés (MNCL), une structure qui s’était régulièrement illustrée sur la scène en organisant des actions citoyennes pour demander la suppression de cette taxe, fait savoir que cette décision n’est pas un cadeau du gouvernement. Bien plus, il annonce que des actions vont continuer si aucun remboursement des unités prélevées n’est fait après le 1er mars.

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« La suppression de la taxe RAM n'est pas un cadeau que le gouvernement congolais offre à quiconque. Nous avons obtenu cette suppression au prix de nombreux sacrifices et pressions tant politique que citoyennes. Nous avons marché,  nous avions été arrêtés pour qu’aujourd'hui le gouvernement accepte à supprimer cette taxe. Et nous, nous sommes déjà contre toutes les personnes qui remercient le chef de l'État ou encore les autorités parce qu’ils ont supprimé la taxe RAM.  Nous, de notre part, nous exigeons impérativement le remboursement total de nos unités,  de nos frais qui ont été volés par le gouvernement. Aucun consommateur n'a donné le droit au gouvernement congolais de prendre le crédit que nous achetons déjà avec beaucoup de peines et douleurs. Si après le 1 mars la taxe est supprimée mais le remboursement n'est pas fait,  les actions citoyennes vont continuer, les procès citoyens vont demeurer afin d'obtenir dommage et intérêt face aux victimes de cette escroquerie étatique », a dit, à ACTUALITE.CD, Joël Lamika, coordonnateur du MNCL.

Plusieurs Kinois sont satisfaits de cette mesure portant gratification des services RAM. Mais tout comme le coordon du MNCL, ils ne s’arrêtent pas là. A leur tour, ils exigent une demande d'explication au ministre des Postes télécommunications et nouvelles technologies de l'information et de la communication (PT-NTIC), Augustin Kibasa Maliba, à propos des paiements effectués jusque-là.

« Nous sommes très contents de la suppression du RAM mais nous demandons au ministère des PT-NTIC et au président de la République qui est le garant de la nation de nous donner une explication claire de l'argent perçu du RAM. S’il n’y a pas des explications, qu'ils nous remboursent notre argent. Nous souffrons beaucoup dans ce pays mais c'est tous les jours que nous payons des taxes qui  n'aboutissent à rien même pas pour l'intérêt et le bien-être de la population », dit JDD Bisimwa,  étudiant à l'Université pédagogique nationale (UPN).

« C'est vraiment regrettable de la manière dont les autorités dirigent ce pays. Ce système RAM n'a même pas de traçabilité en finances publiques mais c'est tous les mois qu'on retranche les unités. C’est vraiment de l'escroquerie à l’échelon national. Certes, ils ont supprimé le RAM mais nous voudrions avoir des éclaircissements du ministre des PT-NTIC parce que la population est vraiment surchauffée sur cette histoire qu'on ne connaît ni tête ni la queue. Le peuple a perdu beaucoup d'argent. Il faut que le ministre nous dise comment est-ce qu'ils ont géré tout cet argent », confie un cadre de la fonction publique.

« Je suis très contente de cette mesure. Au moins cette fois le Président a écouté les pleures de la population. Cette taxe nous a beaucoup fait souffrir. Nous étions obligés de payer chaque mois 1.17 voire plus sans aucune  raison valable. On pensait qu'on allait avoir quelques avantages en nous retranchant les unités chaque mois mais malheureusement on ne voit rien jusque-là. En tout cas pour moi, la suppression de la taxe RAM est une grande réalisation du chef de l'État durant son mandat », note une commerçante.

Pour d'autres, par contre, le paiement des frais RAM avait des avantages sauf que la communication autour de l’importance de ce système n'a pas été à la hauteur. C’est le cas du jeune Alain Kabongo. 

« Personnellement, le RAM était une bonne initiative. Mais malheureusement, la communication sur la taxation de ce système n'était assez forte. Premièrement, les Congolais n'ont pas la culture de payer les impôts, il fallait d'abord commencer par une forte sensibilisation pour faire comprendre à la population son importance et son utilité. Même dans d'autres pays, je cite le Congo Brazzaville, le Kenya et autre pays leur populations sont assujetti au RAM parce que ce système contribue tant soi peu à l'économie du pays  et permet rapidement d'identifier les téléphones en cas de perte. Je pense que le gouvernement central ainsi que le ministre des PN-TIC devrait d'abord sensibiliser la population sur l'importance du RAM … mais malheureusement, ce n’était pas le cas », estime-t-il. 

D’après le ministre des PT-NTIC, le RAM sert d’outil essentiel pour protéger les Congolais détenteurs d’appareils mobiles, lutter contre la contrefaçon, ou encore combattre le vol d’appareils mobiles. Selon son arrêté, chaque appareil mobile devrait être enregistré dans le RAM moyennant le paiement en six échéances d’un droit d’enregistrement IMEI annuel auprès de l’opérateur de télécommunications concerné, pour rémunération des prestations de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC) dans le cadre de la mise en place et de la maintenance du RAM.

Mais seulement, la taxe RAM était fustigée par la majorité de la population. Le ministre des PTNTIC avait été interpellé à l’Assemblée nationale au mois d’octobre 2021 afin d’expliquer l’objet de cette taxe et l’affectation des recettes générées. N’ayant pas été convaincus par les explications du ministre, les députés avaient demandé la suppression de cette taxe. 

Grâce Guka