L’élection qui se profile à l’horizon est un enjeu majeur pour la province et son devenir. Une bonne lecture de la situation spécifique de cette province impose une introspection sérieuse à chacun de candidats au regard du fardeau à porter dans un contexte politique de plus contraignant et des urgences qui, si elles sont impératives, elles contrastent nettement avec les ressources disponibles. Cette réalité qui aurait dû être un appel à la retenue face au nombre de postulants n’a pas en revanche découragé les candidatures de bravade. C’est ici l’occasion de revenir sur le sens à donner à cette élection et au rendez-vous politique qu’elle postule.
Le fardeau d’une province atypique :
Province née dans les tourmentes de l’indépendance, le Kasaï-Oriental porte les stigmates d’une œuvre inachevée à tous points de vue. Sa capitale MBUJI-MAYI est l’épicentre de toutes les urgences urbanistiques nécessitant une mobilisation constante des ressources importantes et des experts pour sa mise à niveau. L’ostracisme politique qui a frappé cette province depuis lors, s’est étendu à l’ensemble d’entités issues de l’ancienne province fondatrice du Kasaï. C’est cette sorte de quarantaine politique et économique aux conséquences dévastatrices pour la population de ce centre mythique du pays que l’alternance démocratique au sommet de l’État vient briser avec un appel d’air d’une puissance considérable du fait de l’éveil de tous les besoins longtemps contenus.
En outre, la Province du Kasaï Oriental est redécoupée de manière cavalière en 2015. Elle panse encore ses plaies multiples sur fond d’une forte migration de sa population fuyant la précarité et l’absence d’investissements et d’infrastructures de base vers des horizons attractifs. D’où la nécessité de revenir sur les maux qui sous-tendent cette réalité avant d’envisager les pistes de sortie.
Si l’inadéquation entre les urgences socio-économiques dans maintes provinces est à la source, en partie du moins, de l’instabilité des institutions politiques provinciales, il reste que c’est à chaque province de donner un sens, un contenu à l’élection du Gouverneur et d’arrimer cet enjeu bien perçu dans l’agenda politique national tel que fixé par le Président de la République, Chef de l’État.
Le sens d’une élection de gouverneur :
Lorsqu’on sort des décennies de quarantaine, d’ostracisme et d’abandon, élire un Gouverneur, c’est choisir un gestionnaire du champ de ruine pour faire le constat, évaluer et tracer les pistes et les perspectives qui redonnent l’espoir. C’est rassembler les forces vives de la province à la réflexion et aux actions à programmer. C’est écouter, associer tout le monde, c’est construire ce cadre fédérateur qui permette un rebond de qualité. C’est relayer un appel transversal à la mobilisation pour l’éveil de notre province s’adressant aussi bien au cadre institutionnel qu’aux forces vives internes qu’externes.
Le Gouverneur de notre Province devra se donner également comme priorité de réconcilier les différents segments de la population et conduire la province à tourner le dos aux antivaleurs. Il s’agit de concilier la diaspora interne et externe avec la province par une politique incitative à l’investissement.
Réconcilier l’élite de sa base par le bannissement de la logique du mépris de l’intelligentsia qui postulait des formules telles que : « Fransa ki falanga anyi ? » c’est-à-dire le savoir n’est pas l’argent. Au moment où nous célébrons le triomphe du stylo « arme et symbole » de l’élite sur les autres instruments de violence avec l’alternance démocratique sans coup de feu, il est devenu anachronique de tourner le dos à son élite. Car toutes les nations se sont construites sous le leadership des élites.
Au regard de tous ces éléments et bien d’autres non énumérer, un Gouverneur devient un modérateur et un régulateur des intérêts divergents dans sa province ; un conciliateur, un chef d’orchestre qui n’a pour motivation que l’intérêt général pour impulser son entité.
D’où la nécessité de savoir parler aux partenaires, avoir le sens profond de respect pour tout le monde et une connaissance parfaite des attentes de la population avec un regard à l’horizon fixé sur l’agenda politique national.
Le rendez-vous politique :
En devenant ce chef d’orchestre au plan provincial, on devient apte à entrer dans le jeu et enjeu national pour jouer le rôle de courroie de transmission dans les deux sens, pour faire profiter à son entité de profits d’un agenda national fort attractif au vu la nouvelle vision du Chef de l’État d’un côté et de l’autre, participer au rayonnement de cette vision par ses faits et gestes dans son entité.
Du reste, qui ne remarque pas justement, que par son sens élevé de l’humilité et de la diplomatie, le Chef de l’État est devenu l’unité de mesure et un modèle à suivre dans le pilotage de nos provinces ?
Le vrai animateur de notre province devrait savoir qu’au-delà de tout ce qui est dit ici, porter la province du Chef de l’État, porter l’étendard du parti qui a conduit le combat démocratique au pouvoir, exigent un sens profond de responsabilité et de devoirs envers tous nos héros vivants et disparus.
Voilà pourquoi, en toute humilité et après avoir écouté et entendu les nombreux appels émanant de notre province et de partout, et au vu de ces éléments de réflexion, j’ai décidé de solliciter la direction de la province comme Gouverneur, en me situant aussi bien dans le contenu du jeu et de l’enjeu provincial que dans le rendez-vous national auquel le Président de la République, Chef de l’État, a convié toute la nation dans le cadre de sa vision porteuse d’espoir pour toute la République.
Honorable Éric NGALULA ILUNGA