Traque des ADF: des renforts ougandais continuent à arriver en RDC

un militaire au front contre ADF à Beni/Ph. ACTUALITE.CD

Des renforts en troupes et équipements ont continué à arriver jeudi d'Ouganda en République démocratique du Congo, au 3e jour de l'opération lancée contre les rebelles ADF, selon des témoins à la frontière.

"Vers 16H00 (14H00 GMT) ce jeudi, nous venons de voir une autre colonne de l'armée ougandaise entrer", a indiqué Tony Kitambala, journaliste indépendant basé à Nobili (Nord-Kivu). "Ils sont à bord de leurs véhicules blindés, il y a aussi des water tanks (camions citernes)", a-t-il ajouté. 

Sur une vidéo amateur filmée par un autre résident de Nobili, on peut voir deux chars légers d'infanterie dans le convoi.

Comme la veille, ces renforts se dirigeaient vers l'intérieur du Nord-Kivu où, mardi matin, comme dans la province voisine de l'Ituri, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie lancés depuis l'Ouganda ont visé des "bivouacs des ADF dans la forêt", selon le gouvernement congolais.

"Les forces spéciales des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) appuyées par les unités spéciales des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF) continuent les opérations de fouille dans la zone qui avait été pilonnée à l'aube du 30 novembre par les deux armées", ont indiqué en fin de journée les porte-parole des deux armées, les généraux Flavia Byekwaso et Léon-Richard Kasonga, dans leur premier communiqué conjoint depuis le début de l'opération.

Il a été diffusé sur leurs comptes Twitter, en français pour les FARDC, en anglais pour l'UPDF.

Les ADF (Forces démocratiques alliées), à l'origine des rebelles ougandais hostiles au président Yoweri Museveni, sont implantés depuis 1995 dans l'est de la RDC, dans le nord du Nord-Kivu et le sud de l'Ituri, où ils sont considérés comme responsables du massacre de milliers de civils. 

L'Ouganda les accuse de son côté d'être responsables de récents attentats sur son sol revendiqués par l'organisation jihadiste Etat islamique, qui présente les ADF comme sa "province d'Afrique centrale".

Aucune information n'a été divulguée par Kampala ou Kinshasa sur les aspects techniques, "secret défense", de l'opération militaire concertée lancée contre eux. 

Sous couvert d'anonymat, un responsable militaire congolais a indiqué que les opérations étaient dirigées côté ougandais par le fils du président Museveni, le général Muhoozi Kainerugaba.

Par ailleurs, le ministère ougandais de la Défense a fait savoir sur son site internet que le commandant de la force de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), le général Marcos de Sa Affonso Da Costa, avait rencontré à Kampala le chef des forces armées, le général Wilson Mbasu Mba. Ils ont évoqué cette opération menée conjointement par l'Ouganda et la RDC contre les ADF, à laquelle le chef militaire de la Monusco n'a pas opposé d'"objection", selon le ministère.

Dans son habituel point de presse mercredi à Kinshasa, le porte-parole de la Monusco, Mathias Gillmann, avait souligné "la nécessité de garantir une coordination très étroite entre les acteurs militaires, pour garantir à la fois l’efficacité des opérations et la sécurité de toutes les parties".

Le président en exercice du Conseil de sécurité des Nations unies, l'ambassadeur du Niger à l'ONU Abdou Abarry, a quant à lui estimé mercredi que cet accord entre Kampala et Kinshasa était "une initiative qu'il faut soutenir". 

 

AFP et ACTUALITE.CD