RDC : comment lutter contre les préjugés qui entourent les femmes évoluant dans les STEM ? 

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Les femmes sont peu représentées dans les filières scientifiques en République Démocratique du Congo. Lesbiennes, femme de fer, ce ne sont pas les préjugés qui manquent lorsqu'on évoque celles qui s'y engagent. Comment accroitre la présence des jeunes filles, comment lutter contre les préjugés ? Le Desk femme est allé à la rencontre des  Kinois qui ont livrés leur point de vue à ce sujet.

« S’il n’y a pas un nombre important de filles dans les sciences, je pense que c’est parce qu’elles ont des difficultés à affronter les mathématiques, la technologie. Elles préfèrent les sections de littérature plutôt que des sciences exactes, » dit Dodo Kaseke, agent à la fonction publique, au sujet des raisons qui motivent la présence réduite des filles dans les options scientifiques. 

Pour Patrick Phanzu, mécanicien, il est plutôt question de choix et d'objectif. « C’est une question d’ambitions et des réalités de terrain. Une femme qui choisit de faire les STEM sait exactement ce qu’elle cherche, ce qu’elle voudrait devenir. Il en est de même pour celle qui opte pour la Littéraire ou la Pédagogie générale. » explique-t-il

« L’une de mes sœurs est actuellement ingénieure électricienne. Mais comme les autres femmes évoluant dans ce secteur, elle a été traitée de lesbienne durant son parcours scolaire. Souvent, les gens lui collaient la nature d’une femme de fer ou de caractère pour dire qu’elle s’était engagée dans un domaine réservé aux hommes » confie Roonie Makakala, coiffeur dans un salon à Wangata dans la commune de Kinshasa. 

« Motiver, encadrer, encourager », des armes contre les préjugés

Pour inciter les jeunes filles à être plus nombreuses à s’engager dans ces métiers et mettre fin aux préjugés qui entourent les STEM, Roger Kazadi, Innocent Tshitende et Rooney Makakala proposent quelques astuces.  « Il n’y a pas de raison pour porter des préjugés contre les femmes qui ont choisi pour domaine d’expertise les sciences techniques et les mathématiques », soutient Roger Kazadi. 

Et d’ajouter, « tout individu est libre d’opérer un choix par rapport à ses projets, son avenir et ses compétences. Il ne faudrait pas que les jeunes femmes, tout comme les jeunes hommes se retrouvent à l’avenir sans emploi pour avoir opté pour un secteur qui n’a rien avoir avec leurs ambitions. Si cette conception est mise en valeur en RDC, le nombre des jeunes filles va également s’accroitre ». 

« Le monde évolue, les mentalités changent aussi. Beaucoup de personnes envoient des propos stéréotypés aux femmes qui s’engagent ou excellent dans ce domaine parce qu’elles s’affranchissent des coutumes. Il faudrait étendre le développement de la RDC à tous les secteurs. Cela revient aussi à encourager les jeunes femmes à devenir pilotes, conductrices d’appareils lourds, mécaniciennes », suggère Innocent Tshitende, agent au ministère du plan au Kasaï Central, actuellement en mission à Kinshasa.  

  Rooney Makakala abonde dans le même sens.  « Le problème, c’est que de nombreuses jeunes femmes voudraient bien s’engager dans les domaines techniques, mais elles ne rencontrent pas dans leur entourage, des personnes disposées à soutenir ces rêves. Sans l’accompagnement de ma famille et des enseignants, ma sœur n’aurait certainement pas terminé ses études » a-t-il ajouté. 

Et pour conclure, Junior Mikubi propose aux jeunes filles « d’envahir des secteurs rares ». « Qu’elles s’engagent dans les STEM même lorsqu’elles sont traitées de tous les maux. Ce qui compte, c’est de réaliser ses objectifs » pense-t-il.

Prisca Lokale