A Kinshasa comme à l’intérieur du pays, les étudiants se montrent très préoccupés par la décision prise dans une note circulaire, vendredi 17 septembre, par le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Muhindo Nzangi, n’autorisant que seules 16 universités, sur l’ensemble de la République, à organiser la faculté de médecine dans leurs programmes d’enseignement dès l'académie 2021-2022.
Depuis l’annonce de cette mesure, les réactions fusent de partout. Les autorités académiques des établissements interdits d’organiser cette filière ne sont pas les seules à donner de la voix. A leur suite, les étudiants, directement concernés par la décision, se sont exprimés à ACTUALITE.CD. La majorité dit comprendre le motif de cette décision. Mais seulement, pour eux, le contexte et le moment ne sont pas propices pour l’annoncer au regard des conséquences qu’elle peut engendrer.
Dans le rang des universités appelées à fermer la faculté de médecine figure notamment l’Université Simon Kimbangu (USK), située dans la commune de Kalamu. Ketshia Nzenze y étudie. Elle est actuellement en G3. Pour elle, son alma mater est injustement écarté.
« Personnellement, j'étais très abattu quand j'ai appris cette nouvelle. A propos, il y a des universités qui ont été autorisées à organiser les enseignements en médecine alors qu’elles n'ont même pas un minimum de mon université. Le ministre doit revoir cette décision, c'est important. Il ne peut pas nous détourner de notre objectif, celui de faire la médecine car dans des universités qu'il considère mieux organisées, l'inscription est difficile », a-t-elle confié.
Il est à signaler que le secrétaire général de l’USK a publié, dimanche 19 septembre, un communiqué dans lequel il a appelé tous les étudiants de médecine de cet établissement au calme et ce, en attendant, dit-il, l’aboutissement des démarches qui sont entreprises pour trouver une solution à ce problème.
Hugues Bumba (G1) étudie à l'université technologique Bel campus à Limete (8ème rue), un autre établissement qui organise la filière de médecine à Kinshasa mais non zappé dans la note circulaire du ministre.
« Je trouve que c'est une bonne initiative mais le moment de communiquer cette décision n’était pas opportun. Avec cette population d'étudiants en médecine, nous irons tous étudier dans seules deux universités ? Déjà à l'Université de Kinshasa, l'inscription est tellement difficile que pour être retenue, c'est tout un problème. Aussi, à l'UNIKIN, le nombre d'étudiants en médecine est limité. Qu’allons-nous faire dans ce cas ? Vous voulez que nous arrêtions les études et devenir des bandits ou comment ? Cette décision est mauvaise surtout en ce moment », a-t-il dit.
L’université William Booth dans la commune de la Gombe n’est pas épargnée car non reprise sur cette liste. Mais pour l’étudiante Dorcas Nzuzi (G1), cet établissement est bien organisé et mérite de compléter la liste.
« Je crois que c’est au départ une bonne décision parce que beaucoup d'universités ne sont pas organisées. Mais l'effectif posera problème pour les inscriptions. Je suggère que le ministre ajoute même quatre autres universités pour la médecine dont mon université puisque nous sommes bien organisés. Déjà, nous avons fini les cours pour cette année et nous sommes pendant la période des examens. Mais aujourd'hui (lundi 20 septembre, ndlr) nous ne l'avons pas fait suite à cette décision », a fait savoir Dorcas Nzuzi.
Mpwenzale, étudiant au sein de la même université, renchérit, tout en expliquant le bon et mauvais côté, selon lui, de cette décision.
« Cette décision est bonne parce que dans d'autres universités, vous pouvez finir les études mais le diplôme n'est pas reconnu. Elle est aussi mauvaise suite aux problèmes que nos parents traversent. Il n’y a pas assez de moyens pour nous inscrire dans une autre université. Cela demande beaucoup de démarches. Les parents souffrent vraiment. Cette décision doit être revue », a-t-il dit.
Signalons que c'est sur base du rapport du Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM) présenté et adopté lors des travaux des états généraux de l'ESU tenus à Lubumbashi du 10 au 14 septembre dernier, que la note circulaire du ministre de tutelle, adressée aux recteurs des universités publiques et privées, a été rédigée.
Divine MBALA, stagiaire UNIKIN