Deux cérémonies de performance artistique et de requiem ont été organisées ce mercredi 13 janvier pour rendre hommage à Dorine Mokha, artiste danseur et entrepreneur culturel décédé depuis le 8 janvier dernier à l’âge de 31 ans, à Lubumbashi suite au paludisme. A Yolé/Africa, à Goma et à l’académie des beaux-arts, à Kinshasa. La levée du corps, l’exposition et l’inhumation au cimetière Kasangiri ont eu lieu le mardi 12 janvier.
A Kinshasa, la cérémonie a été organisée par la plateforme contemporaine, qui a pour mission de soutenir les artistes et a connu la participation des artistes d’autres disciplines que la danse. Le député national Ados Ndombasi a également pris part à l’évènement. Il a annoncé, pour ce faire, la pose de l’étoile sur la place des artistes ce lundi 18 janvier en l’honneur de Dorine Mokha.
La Directrice de la plateforme contemporaine, Dada Kayindo, nous a confiés qu’elle regrette la disparition d’un génie mais garde son énergie.
« C’est une grande perte, on a perdu un cerveau, un génie dans le monde culturel congolais. On garde l’énergie parce que si on reste plongés dans la douleur, c’est comme si on enterrait cette énergie qu’il avait. C’était une personne très intelligente, très déterminée et très travailleuse » a-t-elle dit à ACTUALITE.CD.
Parmi les artistes d’autres disciplines, la chanteuse, auteure-compositrice, Céline Banza (Prix RFI découvertes 2019), avait des projets avec l’artiste décédé parmi lesquels un film. Elle décrit Dorine, avec mélancolie, comme un véritable Homme.
« C’était mon frère, il m’a connu quand j’avais 13 ou 14 ans, j’étais sa petite sœur. Il a écrit des chansons pour moi, c’était un frère, c’était un vrai humain, c’était un grand artiste. Je pense que la RDC a perdu quelqu’un de très important, il avait un combat, il se battait pour ça. C’était quelqu’un de fort, c’était un combattant, je pense qu’il va reposer en paix », a témoigné, à ACTUALITE.CD, Celine d’un ton très triste.
Des performances artistiques, la lecture des poèmes, de la musique et la danse étaient au menu de la journée aussi bien à Kinshasa qu’à Goma où des témoignages et une projection sur Dorine Mokha ont accompagné l’évènement.
La Présidente du Café Littéraire de Missy (CALM), Missy Bangala, présente à la cérémonie à Kinshasa, a appelé les artistes à poursuivre le travail.
« Il portait haut et fort le flambeau de son art. Il a fait sa part, c’est à nous de continuer son œuvre, de parler à travers sa cause et continuer à faire entendre nos voix pour que les artistes soient de plus en plus visibles dans notre pays. Il y a beaucoup de choses qui me feront penser à lui’ » a-t-elle signifié à ACTUALITE.CD.
Dorine Mokha est né en novembre 1989 à Lubumbashi (Haut-Katanga). C’était un artiste pluridisciplinaire avec la danse en tête. Comme danseur et chorégraphe, Dorine Mokha a livré plusieurs spectacles tant au niveau national qu’international. Il a aguiché le public, à Berlin lors de la Biennale le 24 janvier 2020, avec sa performance « Entre deux…».
Il a remporté en 2018, le Prix Lokumu du meilleur danseur de l'année décerné par Arts.cd. Outre la danse, Mokha écrivait, chantait, réalisait des films. Le dernier sur lequel il travaillait sortira à titre posthume. Il a laissé inachevé son recueil de poèmes qui devait sortir sous le label du Café Littéraire de Missy (CALM) qui va continuer avec le projet.
Il est co-fondateur de ART'gument Project, un collectif promouvant la prise de parole grâce à des actions sociales, culturelles et artistiques. Militant des droits des personnes LGBT, il initie le projet d'un film en 4 parties dénonçant l'homophobie en RDC. Son œuvre s'inspire des violences et discriminations qu'il a subi.
Emmanuel Kuzamba