RDC : « l'arrestation du DG de la RVA est arbitraire et ternit la vision du chef de l'Etat sur l'établissement d'un Etat de droit », dénonce son avocat

RVA

Amédée Mboma, avocat du directeur général de la Régie des Voies Aériennes (RVA), monte au créneau pour dénoncer l’arrestation et la mise sous mandat d’arrêt provisoire de son client à la prison centrale de Makala depuis le mardi 10 novembre. Abdallah Bilenge est détenu pour détournement des droits dus à la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), à l’institut national de préparation professionnel (INPP), à l’office national de l’emploi (ONEM) et à la direction générale des impôts (DGI).

Selon Me Amédée Mboma, l’on ne peut parler de détournement dès lors que l’enveloppe n’a jamais été décaissée pour des raisons de précarité des fonds.

« Il s'agit d'une créance sociale à la CNSS, à l'INPP, à l'ONEM ainsi qu' à la DGI. Ce n'est pas de l'argent décaissé et affecté pour des fins privées par mon client. Au moment de la préparation de la paie, la division rémunération qui fait partie de la direction administrative, calcule les salaires des agents et opère des retenus et après il transmet les listings au niveau de la direction des finances qui regarde dans la trésorerie s'il y a des fonds suffisants pour les rémunérations des agents et reverser les droits dus aux différents services socio-professionnels précités mais la trésorerie de la RVA n'a pas la capacité de pouvoir reverser ces droits. Alors comment peut- on arrêter un directeur général pour des fonds qu'il n'a pas décaissés? », explique-t-il dans une interview accordée notamment à ACTUALITE.CD.

Et de poursuivre :

« La RVA a 54 aéroports en RDC. Seuls 4 fonctionnent normalement et seulement 2 qui produisent, Lubumbashi et Kinshasa. Ces deux là prennent en charge tous les agents de la RVA même ceux qui sont à Ingende, à Ikela, il faut les payer, l'argent vient d'ici, ça pose un problème. Les charges de la RVA sont supérieures à la production. Vous ne pouvez même pas avoir les réserves. Le DG fait des gymnastiques pour payer les agents et entretenir les installations aéroportuaires. En principe toutes les entreprises de l'Etat sont en faillite, les indicateurs sont en rouge, si on ne le fait pas c'est la politique ».

Pour lui, cette arrestation est arbitraire et ne cadre pas avec la vision de Félix Tshisekedi qui prône l’Etat de droit. Me Mboma révèle que le gouvernement est informé depuis 5 ans de cette situation qui date de 1996.

« S'il faut arrêter le DG, il faut arrêter aussi ceux qui étaient avant lui, c'est une affaire qui date de 1996. Pour moi l'arrestation du DG Bilenge est arbitraire et ternit la vision du Chef de l'Etat sur l'établissement d'un Etat de droit. Dans un Etat de droit, on respecte la loi. En 2015, il a écrit au gouvernement pour dire que nous avons une dette sociale de 47 millions, aujourd'hui nous sommes à 67 ou 69 millions USD, nous sommes en difficulté, nous ne savons pas payer les droits dus à la CNSS, à l'INPP, à l'ONEM ainsi qu'à la DGI. Le gouvernement est informé », a affirmé Me Amédée Mboma.

 Il annonce avoir saisi le procureur pour solliciter la mise en liberté de son client.

« Nous avons écrit pour solliciter sa mise en liberté, sa fuite n'est pas à craindre, son adresse est connue, il va se présenter à chaque fois que le procureur aura besoin de lui. Il ne fuira pas le pays pour de l'argent qu'il n'a pas détourné. Il n'y a aucun indice de culpabilité », a dit Me Mboma.

En mai 2020, le gouvernement avait annoncé que sur instruction du chef de l’Etat, une enquête devrait être diligentée à la Régie des Voies Aériennes (RVA). Elle devrait porter sur la « mégestion et l’incapacité » de cette entreprise de payer ses agents qui se plaignent de plus en plus alors que la RVA a des moyens suffisants.

A l’époque, la direction générale de la RVA dirigée par Abdallah Bilenge, avait informé la délégation syndicale de son "incapacité à garantir" les salaires du mois de quelques mois 2020. Ce qui avait provoqué la colère de l’Intersyndicale, qui ne comprenait pas la situation qui contrastait avec les indicateurs « encourageants » de la santé de la RVA avec notamment la perception de la Redevance de Développement des Infrastructures Aeroportuaires (IDEF), appelée « GO-PASS » dont le tarif est fixé à 50,00 $ US par passager embarquant sur un vol international ; 10,00 $ US par passager embarquant sur un vol national.

En juin dernier, Abdallah Bilenge était maintenu comme Directeur Général de la RVA par Félix Tshisekedi.