Guerre de Kisangani : 20 ans après, Dr Mukwege soutient « qu'aucun compromis ne peut être invoqué pour éluder les responsabilités des commanditaires »

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Le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege rappelle la nécessité pour la RDC de s’approprier le Rapport Mapping dans Nations Unies publié en 2010 pour établir la vérité et la justice à la suite des graves crimes perpétrés par les forces armées rwandaises et ougandaises au cours de la guerre de six jours, du 5 au 10 juin 2000.

« Les deux camps se sont livrés à des attaques indiscriminées à l’arme lourde, tuant entre 244 et 760 civils selon certaines sources, en blessant plus de 1 000 et provoquant le déplacement de milliers de personnes. Les deux armées ont également détruit plus de 400 résidences privées et gravement endommagé des biens publics et commerciaux, des lieux de culte, dont la cathédrale catholique Notre-Dame, des établissements consacrés à l’éducation et des établissements sanitaires, dont des hôpitaux », dit le Rapport Mapping.

Pour le Prix Nobel de la Paix, ces crimes ne doivent pas être oubliés. « Ces crimes les plus graves et leurs conséquences dévastatrices ne peuvent rester rangés dans les oubliettes de l’Histoire. Ils sont imprescriptibles. Aucune immunité, aucun compromis ni « realpolitik » ne peut être invoqué pour éluder les responsabilités des commanditaires. Les victimes et leurs familles ont droit à la vérité, à la justice, à des réparations et des garanties de non renouvellement. », dit Dr Mukwege dans une déclaration publié à l’occasion du 20e anniversaire de ces actes belliqueux.

20 ans après, les victimes de cette guerre réclament toujours justice. Nombreuses sont décédées, d’autres amputées des membres de leurs corps survivent encore. Le gouvernement qui a toujours promis un accompagnement par rapport aux revendications des familles des victimes n’a toujours rien fait.

« Nous invitons les autorités de la République Démocratique du Congo (RDC) à soutenir l’édification de mémoriaux sur les fosses communes de nos sœurs et de nos frères frappés par la barbarie humaine. Après des décennies de déni, le temps est venu de mettre en place des mécanismes d’établissement de la vérité et de la justice pour une réconciliation, une paix réelle et durable. Cela, afin que nos enfants ne se voient pas privés de la mémoire de leurs parents et donc de leur identité, et puissent construire ensemble des lendemains meilleurs. », suggère Dr Denis Mukwege.

La RDC avait demandé l’obtention d’une réparation pour les actes de destruction intentionnelle et de pillage ainsi que la restitution des biens et ressources nationales, dérobés au profit des Etats défendeurs respectifs. Les autorités congolaises réclamaient entre 6 à 10 milliards de dollars de dédommagement à l'Ouganda.

Un accord conclu en septembre 2007 entre les présidents de la RDC et de l’Ouganda prévoyait la création d’un comité ad hoc chargé de faire des recommandations concernant la réparation. L’échec des négociations entre les deux parties avait poussé la RDC en mai 2015 à demander à la Cour de fixer le montant de la réparation due par celui-ci.

Patrick MAKI