Journaliste respecté et surtout enseignant à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC), Tito Ndombi est le président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication. Il a répondu aux questions de ACTUALITE.CD à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
Quel est, selon vous, le rôle de l’information journalistique dans la construction de la démocratie et du développement ?
Dans une ère où les sources d’information malicieuses pullulent, je pense que l’information journalistique, c’est-à-dire, celle qui est donnée par des acteurs qui ont le savoir-faire en matière de collecte, d’assemblage et de mise en forme est indispensable aux citoyens. Le citoyen qui dispose d’une information de qualité venant des professionnels peut participer au processus démocratique dans la mesure où il dispose d’informations sur les activités et les politiques du gouvernement. Grâce à ses informations, il connaît ses droits et peut participer au débat et formuler des exigences pour obtenir de changements.
Et dans le contexte actuel, le travail des journalistes permet au Congolais d’avoir accès à toutes les informations sur la corruption et la déficience de certaines structures publiques.
L’information donne au citoyen les clés de lecture d’une société au sein de laquelle il est appelé à être acteur.
Mais les influences politiques et les comportements répréhensibles de certains journalistes peuvent aussi nuire à la crédibilité de l’information journalistique.
Quels sont, selon vous, les principaux chantiers pour faire de l’information journalistique un pilier de la démocratie et du développement en RDC ?
D’abord l’accès à l’information. Disposer de bonnes informations utiles au débat démocratique est liée à la capacité des journalistes d’avoir accès aux informations suffisantes pouvant permettre au Congolais de porter un jugement éclairé sur les problématiques qui ponctuent la vie de notre pays. Faire en sorte que les médias accèdent à l’information pour pouvoir informer les citoyens sur toutes les questions d’importance nationale afin d’exercer leurs responsabilités.
Ensuite, les médias doivent être libres et indépendants, mais aussi pluralistes, capables d’offrir un large éventail de points de vue et d'opinions à l’image de l’immensité et de la diversité de la population congolaise. Des médias libres, indépendants et pluralistes sont indispensables aux efforts de démocratisation en RDC.
Qu’est-ce qui est le plus urgent à faire aujourd’hui ?
Il faut donner aux médias congolais les moyens de promouvoir la transparence et la responsabilité, indispensable à la démocratie pour instaurer la bonne gouvernance.
Trouver des pistes pour créer un cadre pour le développement du journalisme de qualité, pluraliste et indépendant en RDC. Les médias ont fondamentalement changé. Internet a tout chamboulé. Je crois que le défi central consiste à tracer un cadre juridique robuste et adéquat qui peut donner naissance à une offre de presse de qualité et diversifiée.
Et l’indépendance est avant tout une question des moyens. Il faudra repenser le modèle de financement pour garantir du journalisme indépendant et de qualité.
Car l’information produite par le journalisme professionnel est un élément indispensable au débat politique, qui ne peut pas être remplacée par des opinions individuelles sur les réseaux sociaux.
CONTEXTE
Malgré ce bond, Journaliste en danger (JED) brosse un tableau sombre de la situation. En l’espace de 12 mois, soit depuis la célébration de la dernière journée mondiale de la liberté de la presse, le 03 mai 2019 jusqu’au 03 mai 2020, au moins 83 cas d’atteinte à la liberté de la presse ont été documentés à Kinshasa et dans les différentes provinces de la RDC.
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