RDC : pour le député Paul Muhindo, ce qui se passe à Beni est un génocide qui est en train de se perpétrer

Une maison attaquée par les présumés rebelles ADF à Beni/Ph Yassin Kombi ACTUALITE.CD

Le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et des Affaires coutumières, Gilbert Kankonde, et le ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Aimé Ngoyi Mukena ont été convoqués à l’Assemblée nationale, le mercredi 4 décembre. Les deux membres du gouvernement ont donné notamment des explications sur les tueries de Beni.

Pour le député Paul Muhindo, qui a aussi milité pour que la situation de Beni soit débattu en plénière de la chambre basse, a qualifié de “génocide” la tragédie dans cette partie du pays.

« A Beni, on égorge. Dans la nuit d’hier (mercredi), on a tué à Beni. Avant-hier (mardi), la tête d’une femme a été découpée et suspendue sur un arbre. Ce sont des atrocités à un niveau très grave. C’est un génocide qui est en train de se perpétrer contre la communauté Nande. Et nous pensons que cela doit s’arrêter », explique le député Paul Muhindo.

Ce député national membre du RCD/KML appelle l’armée congolaise à suivre les recommandations de l’assemblée nationale.

« Il y a eu plus de quatre-vingt collègues qui ont sollicité la parole lors de la plénière. Une preuve que la situation de Beni fait mal à tout le monde. A notre armée, elle doit suivre les recommandations de l’Assemblée nationale. Mais également, elle doit assumer les conséquences de son comportement qui est caractérisé par l’inaction quant à la sécurité de la population. Les tueries doivent s’arrêter. On ne doit pas continuer à parler, il faut que le gouvernement agisse », renchérit-il.

Le député Paul Muhindo salue l’initiative du numéro vert mis en place pour faciliter la collaboration armée-population dans la traque des ADF et appelle le ministère de la défense à prendre des précautions pour protéger la population dans cette partie du pays.

« Le numéro vert est une bonne chose mais le ministre connaît le modus operandi des ADF. Il sait très bien que lorsque ces rebelles sont attaqués à l’intérieur, ils viennent s’attaquer à la population. Le ministère de la défense devait prendre des précautions pour protéger la population. Mais aussi, il ne suffit pas de mettre le numéro à la disposition de tout le monde, mais faudra-t-il que lorsque l’on signale la présence des ADF qu’il y ait rapidité dans la réaction. Parce que toutes les attaques au niveau de Beni à près de 95 % ont toujours été signalées et reportées à l’armée avant qu’elles se commettent mais nos militaires viennent toujours compter les morts. Pourquoi continuer à laisser tous les commandants qui apprennent la nouvelle sans réagir ! Il faut que le gouvernement écoute les besoins de la population qui demande la protection », déclare Paul Muhindo.

Depuis un mois, les tueries se sont intensifiées dans la région de Beni. Pour le seul mois de novembre écoulé, plus de 107 personnes ont été tuées dans diverses attaques attribuées aux combattants ADF. Et pour ce mois de décembre, au moins au moins 28 civils sont déjà tués dans deux attaques cette semaine au village Orototo, en chefferie des Watalinga, en frontière avec l’Ouganda (11) et au quartier Mabasele (3) et dans la localité Mandumbi (14).

Une situation qui a suscité plusieurs manifestations notamment à Beni, Butembo, Goma voire Kinshasa. Les manifestants dénonçaient aussi « l’inaction des casques bleus et exigeaient le départ de la Monusco, présente au pays depuis 20 ans ».

Ces manifestations se sont poursuivies ce vendredi dans les villes de Goma et Butembo. Comme d’habitude, elles ont été réprimées par les forces de l’ordre et de sécurité. Les revendications restent les mêmes : exiger le retour de la paix à Beni et le départ de la Monusco.

Berith Yakitenge