RDC : Le PGR demande de reporter les élections des sénateurs et gouverneurs pour enquêter sur la corruption des députés

Le PGR Kabange Numbi / Ph. Droits tiers

Le procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, a demandé, le samedi 9 mars, à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de reporter les élections des sénateurs et gouverneurs, prévues les 15 et 26 mars 2019, afin de lui permettre d'avoir des "éléments probants" sur les allégations de "corruption  intense" visant les députés provinciaux et les candidats en lice. 

Dans une lettre adressée ce samedi au président de la Ceni, le procureur général informe Corneille Nangaa, d'avoir instruit le commissaire général adjoint en charge de la police judiciaire de "mener des investigations urgentes" à la suite des "allégations de corruption" entourant les élections des sénateurs et gouverneurs de province.  

Les mêmes instructions ont été répercutées à l'intention du procureur général près la Cour d'appel de Matadi, chef-lieu du Kongo Central,à la suite des dénonciations de Luzolo Bambi Lesa, ancien conseiller spécial du président Joseph Kabila en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

"Dès lors, je vous demande de reporter les dates des tenues desdites élections pour me permettre d'avoir des éléments probants", écrit le PGR attirant l'intention du président de la centrale électorale sur le fait que la tenue de ces élections dans ces conditions ouvrirait "grandement la voie à des contestations et violences meurtrières".

Les hauts magistrats de l'office du PGR seront déployés dans les chefs-lieux des "provinces ciblées" pour "superviser ces investigations", informe l'expéditeur alarmé par des rumeurs qui font état de "corruption intense" des députés provinciaux par les candidats.

Les élus provinciaux monnaient chèrement leurs voix en dollars, selon pluseiurs dénonciations déjà faites par certains candidats. D'autres élus sont "approchés" par les candidats.

Dans son discours d'investiture le 24 janvier, le président  Félix Tshisekedi avait qualifié la corruption de "fléau qui dévaste" la RDC et "ses institutions". Il avait promis "une stratégie de lutte contre la corruption dans l'ensemble des rouages de l'administration publique".

Christine Tshibuyi