RDC : l’opposition en quête d’un candidat unique

En perspective de l’élection présidentielle du 23 décembre 2018, les leaders de l’Opposition congolaise multiplient des démarches pour arriver à une candidature commune. Pour nombre d’observateurs, cette épineuse question ne date pas d’aujourd’hui. Déjà en 2011, cette problématique était au cœur de la classe politique, mais elle n’a jamais trouvé solution.

A l’aube du scrutin de 2016, retardé et prévu en décembre 2018, la classe politique congolaise se met en ordre de bataille, multipliant des coalitions, des plateformes pour faire face à la nouvelle donne politique. Au mois de mars 2018, Freddy Matungulu, le président de Congo na Biso (CNB), issu de la plateforme Dynamique de l’opposition, crée une nouvelle coalition électorale dénommée «Synergie électorale notre Congo» (SYENCO). Une plate-forme qui a eu du mal à faire l’unanimité dans l’Opposition, nombre des leaders d’opposition n’ayant pas répondu ou n’étant pas invités.

Le 15 mars, l’UDPS, l’UNC et le MLC et alliés annoncèrent la naissance d’un nouveau  regroupement de l’opposition dans un proche délai. Une coalition restée en chantier jusqu’à ce jour.

Des rencontres qui ne sont restées que chantier

Bien avant, il y avait déjà des coalitions qui s'étaient formées : Dynamique de l’opposition, Opposition Républicaine, Nouvelle classe politique et sociale, Opposition patriotique et républicaine, Debout Congolais, G7, les Tshisekedistes, le Front citoyen...

Nous sommes le 15 janvier 2011. A l’initiative du président Joseph Kabila, le parlement congolais adopte le projet de révision de la Constitution de l’article 71 portant sur l’organisation d’une présidentielle à tour unique. Cette disposition stipule désormais que le président de la République est élu à la majorité simple des suffrages exprimé et non plus à la majorité absolue au second tour.

Au regard de cette révision face à une majorité unique, l’opposition plurielle est tenue de se réunir pour présenter un candidat commun pour augmenter les chances de gagner le scrutin. Lors du scrutin présidentiel de 2011, onze candidats se sont présentés  pour concourir à la magistrature suprême. Parmi les onze, dix candidats de l’opposition étaient face à un seul de la Majorité présidentielle.

«Union fait la force, un nouvel essai pour l’opposition congolaise»

Dans un communiqué publié en octobre 2017, depuis La Haye, aux Pays-Bas, siège de la Cour Pénale Internationale (CPI), le sénateur Jean-Pierre Bemba avait aussi appelé à l’unité de l’opposition et des forces vives de la société civile. Malgré les différentes tentatives des alliances par-ci, des regroupements et des coalitions par-là, l’unité de l’opposition était toujours hypothétique.

Pour Jacquemin Shabani, ancien secrétaire général de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), vingt-quatre partis politiques s’étaient réunis, le mercredi 24 août 2011, à Kinshasa, au cours d’une réunion à la paroisse Notre Dame de Fatima, dans la commune de la Gombe, pour désigner un candidat commun de l’opposition. Le choix était alors porté sur feu Etienne Tshisekedi. Mais certains candidats, mus par leur ego, se sont réunis ailleurs pour désigner aussi leur candidat.

«En 2011, relate Jacquemin Shabani, l’UDPS m’avait chargé de rencontrer certains candidats présidents de la République militant au sein de l’opposition. J’ai eu à rencontrer ceux qui étaient au pays. Et le président Tshisekedi, lui, avait rencontré à l’extérieur le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo. Il avait aussi prévu de rencontrer Vital Kamerhe pour la même question. Mais, après plusieurs tentatives, certains ont accepté qu’on puisse se réunir autour du président Etienne Tshisekedi, comme candidat commun de l’opposition. Mais, on a été surpris de voir certains candidats postuler, malgré le compromis».

Prolifération des coalitions

Notons que, déjà le 15 février 2011, à l’occasion de la célébration du 29ème anniversaire de la création de l’UDPS, Etienne Tshisekedi affirmait sa détermination de se présenter à la présidentielle de 2011. Il appelait alors l’Opposition politique à s’unir derrière une candidature unique. Il a dit n’admettre «aucun compromis» à ce sujet. Des propos qu’un autre candidat de l’opposition, Vital Kamerhe, a fustigés, estimant que ce serait un pari risqué.

En juin 2016, Étienne Tshisekedi lançait, à Bruxelles, une grande réunion de l’opposition congolaise. Rencontre boycottée par Vital Kamerhe et Ève Bazaïba. «Nous tenons à nous unir pour chasser celui que vous avez élu», avait déclaré le sphinx de Limete.

En quête d’une nouvelle stratégie, l’opposition congolaise, représentée par ses poids lourds - Jean-Pierre Bemba (MLC), Moïse Katumbi (Ensemble), Félix Tshisekedi (UDPS), Vital Kamerhe (UNC)… et Adolphe Muzito se sont retrouvé à Bruxelles, le 16  septembre, pour afficher leur union. Les cinq ténors de l’opposition ont rendu publique une nouvelle plate-forme pour une candidature commune. Une possibilité ouverte à tous ceux qui sont dans l’opposition congolaise de s’adhérer, invitent-ils.

Victoria NDAKA et Ivan KASONGO

jdc