Ville-morte et la vie “au taux du jour” des Kinois – (Reportage)

Le Rassemblement de l’opposition a appelé à une journée ville-morte ce mardi 8 août 2017 pour réclamer le départ du président Joseph Kabila.

C’est la deuxième ville-morte décrétée par l’opposition post-Tshisekedi dans le cadre de son combat contre le pouvoir. L’opposition accuse Kinshasa de retarder la tenue des élections dans le délai prévu par l’accord signé le 31 décembre dernier.

Deux ans et sept mois déjà que cette joute politique dure. La population congolaise semble en payer un lourd tribut, notamment dans la ville de Kinshasa, principal théâtre des affrontements de ces derniers jours. Les Kinois n’hésitent pas à exprimer leur ras-le-bol suite à des actions politiques dont ils sont souvent victimes des dommages collatéraux. Et cette énième ville-morte ne semble pas être du goût de certains Kinois qui ont décidé tout de même de braver la peur pour aller vaquer à leurs occupations quotidiennes.

[caption id="attachment_23817" align="alignnone" width="3264"]<img class="wp-image-23817 size-full" src="https://actualite.cd/wp-content/uploads/2017/08/20170808_085125.jpg&quot; alt="" width="3264" height="2448" /> Quelques Kinois à l'arrêt de bus en train d'attendre un éventuel moyen de transport[/caption]

Il est encore 8 heures et, bien qu'à l’arrêt-parking Moulaert servant Bandalungwa et Ngiri-Ngiri, les taxis sont rares, on y voit tout de même nombre de gens impatients dans l’attente d’un éventuel moyen de transport pouvant les conduire au centre-ville.

<b>« Vivre au taux du jour »</b>

La route est quasi-déserte. Seuls des motos-taxis sont très présents et font des courses sur un tarif exorbitant, vu la rareté d’autres moyens de transport. Habituellement une course se négocie à 1000 Fc. Mais sachant qu’il y a un grand nombre de clients qui n’ont pas d’autres moyens de transport que la moto, des motocyclistes doublent le prix dans le but de se faire plus d’argent.

« <em>Il n’y a pas de taxis. Mais je n’y peux rien. Je dois toujours y aller sinon ça va être dommage</em> », se plaint un homme dans une conversation téléphonique. Comme plusieurs, il est également cloué à l’arrêt de bus de Moulaert, dans la commune de Bandalungwa, espérant trouver un taxi afin d’arriver à son lieu de travail.

[caption id="attachment_23818" align="alignnone" width="3264"]<img class="wp-image-23818 size-full" src="https://actualite.cd/wp-content/uploads/2017/08/20170808_083937.jpg&quot; alt="" width="3264" height="2448" /> L'avenue du 24 Novembre, aux arrêts des bus de Moulaert, à Bandalungwa, et Ngiri-Ngiri, désertée par des taxis.[/caption]

Certains d'entre eux disent vivre de la débrouillardise. Ils expliquent avoir l’impression que cette journée « ville morte » n’est rien d’autre qu’une nouvelle épine dans le cœur. Leur survie en dépend. La situation économique du pays est déjà chaotique. « <em>Aucun politicien ne nous distribue des pains gratuits dans nos maisons. Nous vivons au taux du jour. Ils ne peuvent pas nous empêcher d’aller nous débrouiller</em> », commente une femme au cours de la discussion à l'arrêt de bus.

Les taxis sont rares. Quelques-uns se présentent à l’arrêt mais les gens se bousculent au point d'en frustrer plusieurs. Les passagers cherchent à tout prix à joindre le centre-ville pour travailler. Mais la bataille pour occuper une place dans un taxi est spéciale. C’est avec des coups de coudes, voir des empoignades que les uns et les autres se livrent. Finalement, les plus courageux réussissent à partir et les autres traînent encore pendant de longues minutes.

Un situation qui, sans doute, fait grincer des dents dans le chef de la population kinoise. D’autant que cette "ville morte" devra se prolonger jusqu’au mercredi 9 août 2017.

[caption id="attachment_23819" align="alignnone" width="3264"]<img class="wp-image-23819 size-full" src="https://actualite.cd/wp-content/uploads/2017/08/20170808_084130.jpg&quot; alt="" width="3264" height="2448" /> Des passagers se livrent à des bousculades pour monter dans un taxi qui s'est présenté[/caption]

<strong>Will Cleas Nlemvo</strong>