Le président de “Congo Na Biso” affirme qu’il sera effectivement candidat de son parti à la prochaine élection présidentielle avec le soutien d’une coalition constituée d’un certain nombre des partis politiques et des mouvements de la société civile.
Dans une interview exclusive accordée à ACTUALITE.CD, Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir dit rester membre du Rassemblement dans la mesure de la poursuite des objectifs communs à tous les membres, mais il explique que ce regroupement est plutôt devenu une plateforme électorale au profit d’un candidat connu et désigné.
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</span><b>Freddy Matungulu, vous êtes économiste de renom, avec un parcours éloquent : Professeur d’Université, carrière d’économiste au FMI. Vous avez été ministre, mais aussi candidat à la présidence de la République.</b> <b>Avez-vous toujours des ambitions présidentielles ? Ne pensez-vous pas que vous serez plus utile à la RDC dans le domaine économique plutôt qu'à la présidence ou à un autre poste? </b>
<b></b><span style="font-weight: 400;">Pour répondre directement à la question, oui, j’ai toujours cette ambition présidentielle. Et ceci parce que je sais très bien que c’est important que l’on puisse avoir au sommet de l’Etat un comportement et une façon de faire et de voir les choses qui soit compatible avec la recherche du progrès. Vous pouvez être au ministère des Finances, c’est bon. Mais si vous n’avez pas de soutien de la plus haute autorité de l’Etat pour réaliser les réformes économiques nécessaires, mon expérience entre 2001 et 2003 a démontré que ce serait très difficile que vous alliez loin. Voilà pourquoi, je justifie mon ambition au niveau de la présidence de la République parce que c’est important que pour les meilleures impulsions que la vision puisse exister d’abord au niveau du chef de l’Etat. </span><span style="font-weight: 400;">
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</span><b>"Congo Na Biso", votre parti, n'a pas encore une représentation nationale conséquente, comparée aux autres partis traditionnels. Comment y remédier vite dans l'optique des élections prochaines?</b>
Nous sommes en tout cas présents sur l’ensemble du territoire national et parfois, je crois, à un niveau qui n’est pas aussi visible qu’on l’aurait souhaité, mais qui existe. Mais c’est important aussi de dire que nous savons tous que celui qui sera président demain ne sera pas en mesure de réaliser cet objectif sans s’allier à des partenaires aussi bien politiques que des principaux acteurs de la société civile nationale. Donc, nous faisons le maximum pour renforcer la présence de Congo Na Biso sur l’ensemble du territoire national. Mais, en même temps, nous sommes en train de travailler à la mise en place d’une large coalition qui nous permettra de nous projeter au-delà des coins de la république où nous, en tant que Congo Na Biso, nous sommes présents à travers d’autres acteurs de la vie politique nationale et de la société civile qui acceptent de s’allier à nous dans cette entreprise.
<b>Freddy Matungulu et CNB restent membres du Rassemblement ? Dans quelle mesure ?</b>
Je l’ai dit à plusieurs reprises, notre objectif est de renforcer notre présence en tant que Congo Na Biso. Nous sommes membres à partir du moment où nous croyons que c’est très important que les idéaux qui sont prônés par le Rassemblement puissent être réalisés. C’est à dire, pour le moment, très concrètement une mise en oeuvre efficace de l’accord de la Saint-Sylvestre, la tenue des élections, l’alternance démocratique et politique dans notre pays. Nous croyons à tout cela parce que je crois quand même que le régime actuel n’ira pas loin en ce qui concerne les progrès économiques qui sont nécessaires pour améliorer les conditions de vie de nos populations. Nous avons besoin de changer et, pour ça, on a besoin d’avoir ces élections, en général, et de l'élection présidentielle, en particulier. Donc, nous défendons ces idéaux qui sont aujourd’hui prônés par le Rassemblement. Et à cet égard, nous pensons qu’il y a un certain nombre de choses que nous pouvons faire ensemble avec les amis du Rassemblement. Mais ce qui est important pour nous aujourd’hui en tant que Congo Na biso, c’est d’abord de renforcer notre propre présence sur l’ensemble du territoire national, de faire en sorte que le message de Congo Na Biso puisse être entendu par la population congolaise. C’est de faire en sorte que nous puissions, avec les autres forces politiques et la société civile, nous mettre en position de réaliser notre objectif qui est de pouvoir prendre la magistrature suprême et de nous mettre totalement au service de la population congolaise.
<b>Vous distinguez le Rassemblement originel de l'actuel que vous jugez "électoral". C'est quoi la nuance?</b>
Le Rassemblement originel, c’était celui qui était dirigé par feu le président Tshisekedi et dont les ambitions étaient très simples : mettre la pression sur le gouvernement pour que l’élection puisse être organisée, la présidentielle en particulier, pour que l’intégrité de la constitution de 2006 puisse être préservée. Aujourd’hui, en tout cas, c’est clair en ce qui nous concerne, le Rassemblement devenu une plateforme plutôt électorale pour certains des membres du Rassemblement originel voilà ce qui explique mon avis. Les tensions que nous connaissons et que nous avons connues et qui ont fait qu’aujourd’hui, on doit le dire très clairement, il y a une certaine distance entre le Rassemblement et nous, Congo Na Biso, entre le Rassemblement et d’autres anciennes composantes du Rassemblement originel. Ce qui est quelque chose qui ne peut être disputée.
<b>Mais une plateforme électorale exige un projet de société commun. Il en existe un aujourd’hui au Rassemblement ?</b>
Les choses se font suivant une certaine séquence. Moi, ce que je constate, c’est qu’il y a, on ne peut ne pas le reconnaître, aujourd’hui au niveau du Rassemblement un soutien qui est apporté à un des membres dans son ambition présidentielle. Et donc, j’imagine que la suite viendra avec notamment la sortie d’un projet de société. La même chose avec Congo Na Biso qui a un candidat pour la présidentielle de cette année et un projet de société. Mais le projet de société de Congo Na Biso, nous en avons donné la substance, mais les détails ne sont pas encore disponibles. Ils le seront bientôt. Peut-être que c’est la même chose aussi en ce qui concerne le Rassemblement. Nous savons quand même qu’une grande partie des acteurs du Rassemblement d’aujourd’hui reconnaissent l’un d’entre eux comme étant un candidat à la présidentielle et qu’ils soutiennent. A partir du moment où tel est le cas, ça signifie que le Rassemblement est une plateforme électorale
<b>Donc, Freddy Matungulu confirme qu’il sera bien candidat à la prochaine élection présidentielle ?</b>
Tout à fait !
<b>La restructuration du Rassemblement n'a pas été du goût de tous. Il y aurait eu, selon vous, des dessous de table ? </b>
Je ne sais pas très bien comment il faut dire ça. Ce qui est sûr, ce qu’on n'a pas fait l’effort qu’il fallait pour rallier tout le monde à cette réforme qui a été réalisée à la va-vite, à mon avis. Personnellement, j’ai parlé avec ceux qui avaient la conduite des pourparlers ou, disons plutôt, des négociations qui ont amené à la réforme et jusqu’au tout dernier moment, nous avons demandé qu’on prenne le temps d’amener tout le monde dans toute la mesure du possible à rallier ce qui était en train d’être proposé. Malheureusement, notre demande a rencontré des oreilles, je pourrais dire, inattentives pour ne pas dire la sourde-oreille. La conséquence, on la connaît. On a voulu imposer cette réforme sans négocier comme il se devait et ça nous a donné le résultat que nous connaissons et que nous déplorons tous aujourd’hui. Ce qui a contribué à affaiblir énormément notre groupement politique.
<b>Lorsque vous avez rencontré Bruno Tshibala au mois d'avril, tout le monde a pensé que vous seriez nommé ministre. Vous a-t-il fait marcher ? </b>
(Rire) Mais non, pas du tout ! J’ai dit à notre frère Bruno Tshibala qu’une occasion de cette nature n’arrive pas tous les jours. Nous savons très bien quelles sont les priorités pour notre pays : l’organisation des élections et remettre de l’ordre du côté de la situation économique. Il faut s’assurer que vous alliez au gouvernement pour pouvoir faire cela et qu’il n’y avait absolument pas de sens que l’on se retrouve dans un gouvernement qui assisterait les bras croisés à la continuation de la détérioration de la situation politique et économique dans notre pays. C’est ce que j’avais dit au Premier ministre. C’est sur base des principes que, moi, je préfère fonctionner. Je ne considère pas qu’il y avait eu quoi que ce soit à un niveau tout à fait personnel que je pourrais aujourd’hui regretter. Pas du tout !
<b>Mais il faut quand même reconnaître que Freddy Matungulu a été invité par le Premier ministre dans l’optique d’un portefeuille ministériel ?</b>
Je n’irai dans un gouvernement que pour réaliser des choses positives pour notre pays. C’est ça qu’il faut retenir. Il n’y aura jamais de Freddy Matungulu dans un gouvernement juste pour en faire partie, ça n’existera pas. Si Freddy Matungulu se retrouve dans un gouvernement, ce sera pour faire des choses, pour réaliser les attentes que la population congolaise place en son gouvernement. C’est ça le principe. Si tel n’est pas le cas, il n’y aura jamais la présence de Freddy Matungulu dans un gouvernement, quel qu’il soit.
<b>Interview réalisée par Jacques Kini</b>