Lubero : la société civile exige le départ immédiat des miliciens Wazalendo, accusés de graves exactions contre les civils à Musienene

Lubero sur la carte du Nord-Kivu
Lubero sur la carte du Nord-Kivu

Des miliciens armés affiliés au groupe Wazalendo sont accusés de commettre de nombreuses exactions contre les civils dans la localité de Musienene, située dans la chefferie de Baswagha, en territoire de Lubero (province du Nord-Kivu). Pillages, tracasseries, viols et autres abus font désormais partie du quotidien des habitants, selon plusieurs sources concordantes contactées jeudi 18 septembre.

D’après Kambale Maboko Fanuel, président de la société civile de Baswagha, dans un entretien à ACTUALITÉ.CD, ces miliciens se rendent régulièrement coupables de tirs incontrôlés et de gaspillage de munitions, de perception illégale de taxes et amendes, de l’érection de barrages routiers non autorisés assortis d’extorsion de biens et d’argent. Il leur reproche également l’usurpation de l’autorité judiciaire, la circulation incontrôlée d’armes et de multiples violations des droits humains, dont l’arrestation arbitraire de civils tels que Charles Kambale et Vianney.

Dans cette zone où l'autorité de l'État est totalement absente, seuls les groupes armés notamment les miliciens wazalendo exercent leur domination, souvent dans l’impunité la plus totale, au grand désarroi des populations locales.

Face à cette situation préoccupante, la société civile et les forces vives de Musienene ont remis, le 17 septembre, un mémorandum à l’administrateur militaire du territoire de Lubero. Elles y dénoncent les exactions commises par certains éléments se réclamant du mouvement Wazalendo, actifs dans plusieurs villages de la chefferie des Baswagha, et réclament leur départ immédiat ainsi qu'une sécurisation durable dans cette partie du territoire de Lubero.

" Hier jeudi, nous nous sommes dit qu'il faut quand même que nous puissions avoir une idée sur ces tueries, et nous avons organisé une assemblée populaire. C’est là que nous avons écrit notre mémo, et nous l'avons déposé auprès de l’administrateur du territoire, et il a promis de répondre à nos revendications. Nous exigeons le départ immédiat de tous les groupes des Wazalendo qui sont ici à Musienene et environs. Cela, suite aux exactions qu'ils sont en train de commettre sur la paisible population, parce que tous ces groupes armés font des arrestations arbitraires. Ils ont déjà érigé des barrières partout, surtout sur l’axe Musienene - Lukanga, et l’axe Musienene - Luhutu. Là-bas, ils sont en train de demander des sommes exorbitantes qui dépendent de leur gré. Aujourd’hui, vous pouvez passer par là, et on se demande réellement s’ils sont venus pour tracasser la population ou c’est quoi leur mission ? ", s’interroge cet acteur de la société civile.

Ces actions de protestation interviennent dans un climat de vive tension, aggravé par la mort d’un opérateur économique, Adidja, survenue dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 septembre. Ce drame a déclenché des manifestations hostiles aux miliciens Wazalendo, durant lesquelles ces derniers ont ouvert le feu sur les protestataires, causant un autre décès. La société civile condamne fermement ces actes.

Par ailleurs, l’ONG Amnesty International avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié le 20 août dernier, l’organisation de défense des droits humains dénonçait de graves exactions commises dans l’Est de la RDC par les rebelles du M23, mais également par les miliciens Wazalendo. Le document faisait état de violations massives du droit international humanitaire : exécutions sommaires de civils, viols collectifs, attaques contre des structures sanitaires, enlèvements de patients, actes de torture et disparitions forcées ciblant notamment des membres de la société civile.

Josué Mutanava, à Goma