Les mouvements citoyens lutte pour le changement (Lucha) et Filimbi, membres de la coalition anti-corruption « Le Congo n’est pas à vendre », étaient dans la rue de Lubumbashi (Haut-Katanga), le samedi 24 août dernier pour demander aux autorités congolaises d’annuler leurs accords avec le milliardaire israélien Dan Gertler, accusé de corruption et qui souhaite vendre ses royalties dans le projet Mutanda mining au gouvernement congolais.
Munis d’affiches et de calicots sur lesquels on pouvait lire « nos royalties ne sont pas à racheter », ces manifestants, environ une centaine dont des femmes vulnérables originaires de la commune de Ruashi, victimes des conséquences néfastes liées à l'exploitation minière, étaient amassés l’avant-midi du samedi sur l’avenue Adula avant d’être dispersés par la police. Ils s’apprêtaient à se rendre au bureau de la Gécamines, la Générale des carrières et des mines, une société commerciale de droit privé détenue à 100 % par l’État congolais qui concentre ses activités autour de la prospection, la recherche et l’exploitation de réserves minières dans l’ancienne province du Katanga.
« Dan Gertler est dans l’obligation de nous remettre ce qui nous appartient de droit. Cet argent que les entreprises minières paient à la Gécamines aurait pu nous servir à la construction des routes, des écoles ou même des hôpitaux, malheureusement aujourd’hui tout cet argent va dans les poches d’un individu », lance l’activiste de Filimbi, Bienvenu Batanda ajoutant que les royalties que la RDC veut acheter à Dan Gertler étaient cédées à ce dernier en « violation de la législation congolaise ».
Depuis 2017, Dan Gertler est sous sanction des États-Unis pour corruption et violations des droits humains dans le cadre de ses activités en RDC. Il a été banni du circuit bancaire en dollars américains. Mais depuis plus d’un an, les États-Unis et la RDC négocient un allègement de sanctions en contrepartie du départ définitif de Dan Gertler de la RDC et de la libération de ses derniers actifs dont les royalties de Mutanda mining et deux autres mégaprojets miniers.
Actuellement, ils en seraient à discuter du rachat de ces derniers intérêts miniers à la RDC et par une tierce partie à leur valeur réelle actualisée, alerte la coalition le Congo n’est pas à vendre, ce qui pourrait représenter 300 à 600 millions de dollars à débourser.
« Ceci marquerait un énième enrichissement illicite pour l’homme d’affaires, et ce au moment même où les autorités suisses reconnaissent qu’il s’agit d’un bien acquis par le biais de la corruption », déclare Jean Claude Mputu, l’un des responsables de la coalition le Congo n’est pas à vendre.
Pour rappel, la justice Suisse a imposé une pénalité de 150 millions de dollars à Glencore pour ne pas avoir empêché la corruption de son partenaire Dan Gertler dans le cadre de ses opérations en RDC. Selon l’ordonnance du procureur suisse qui date du 5 août dernier, Glencore n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher la corruption d’agents étrangers par son partenaire d’affaires dans le cadre de l’acquisition par ce dernier de parts minoritaires dans deux entreprises minières à savoir Mutanda Mining et Kansuki en 2011.
Le Congo n'est pas à vendre appelle à cette occasion les autorités américaines à « prendre en compte cette ordonnance pour exiger la récupération par la RDC, des royalties détenues grâce à la corruption avant toute levée des sanctions »
Yassin Kombi