Comme chaque année, le 8 mars marque la célébration de la journée internationale des droits de la femme. A Kinshasa, capitale de la RDC, une trentaine de femmes congolaises se sont retrouvées la veille, soit jeudi 7 mars, à l’initiative de l’Institut Républicain international (IRI), dans un dialogue intergénérationnel afin d’évaluer leur participation politique au pays. Cette activité rentre dans le cadre du projet DEIA, activité d’intégrité électorale en RDC, financé par USAID.
Ce dialogue, qui avait pour but, d’une part, de présenter la participation politique de la femme congolaise de 2006 à nos jours et, de l’autre, d’échanger sur les défis et opportunités à cette participation, a connu la présence des femmes venues de la société civile, de la sphère politique et de IRI-Bilenge.
Il a été animé par trois principales intervenantes, à savoir : Julienne Lusenge, défenseur de droits de l’homme, connue pour son engagement en faveur des femmes victimes des violences notamment sexuelles ; Solange Masumbuko, députée nationale et représentante de l’Action pour le développement et l’autonomisation des communautés africaines (ADEAC) ; et Questia Feza, une IRI-Bilenge et candidate malheureuse aux élections municipales du 20 décembre 2023. Chacune des intervenantes a, dans son domaine, partagé son expérience sur la participation politique des femmes en RDC.
“ J’ai partagé avec les jeunes femmes mon expérience au sein de la société civile. Ce que j’ai fait et vécu quand je commençais. J’ai aussi connu des obstacles et comment j’ai fait pour surmonter cela … Il a été question de tout ça “, a dit, à ACTUALITE.CD, Julienne Lusenge dont le message était principalement axé sur les défis ainsi que les succès de la femme et pourquoi elle ne sait pas trop avancer dans la politique.
Pour la députée nationale Solange Masumbuko, “parler avec les femmes sur son parcours en qualité de femme politique, c’est une façon de les encourager dans la carrière politique et à les appeler à etre résilientes”. Se basant sur les résultats provisoires des dernières élections législatives nationales publiés par la CENI, elle souligne que le score de 13% réalisé par les femmes, bien qu’il y ait une petite amélioration par rapport à 2018, est encore “insignifiant” au regard de la participation politique de la femme dans d’autres pays voire de la sous-région.
La jeune Quetsia Feza de IRI-Bilenge est longuement revenue sur son aventure en tant que candidate aux dernières élections municipales. Candidate à la circonscription de Ngaliema, Mme Feza dit avoir beaucoup appris de cette expérience en dépit de son échec. Elle a appelé ses homologues à “ rester authentique et fidèle aux valeurs” ainsi qu’à “ écouter les citoyens, à développer les compétences en leadership et en communication”.
Promouvoir un dialogue entre les générations
A l’issue de trois interventions du jour, complétées par celles de quelques participantes, un speed dating - moment d’échange par table - a été organisé. Cinq (5) femmes seniors d’exception ont été désignées pour échanger à vive voix et à tour de rôle avec les participantes et à ces dernières de poser toutes les questions possibles.
Outre Julienne Lusenge et Solange Masumbuko, trois autres femmes se sont livrées à cet exercice qui a rencontré la satisfaction des participantes. Il s’agit de Susie Bakajika, conseillère principale en communication à la CENI ; Elodie Ntamuzinda, membre du conseil électoral de la SADC et membre honoraire de la CENI, et Elizabeth Côté de la Team Droit, démocratie et gouvernance de l’USAID.
“ Nous avons partagé mon expérience en tant que communicant. Je leur ai prodigué des conseils sur comment elles doivent améliorer et structurer leur discours. C’est important en tant que femme politique d’avoir un discours. La stratégie politique ne suffit pas puisque tu dois apporter un message à ton électorat et le toucher. Cette offre politique, on ne peut l’exprimer qu’à travers un message. L’idée pour moi était de les encourager à améliorer cet aspect des choses et à essayer de parfaire cela ”, a indiqué, à ACTUALITE.CD, Susie Bakajika.
Pour IRI, investir en faveur des femmes implique un engagement sincère de la société congolaise qui amorce des réflexions dans le but d’accélérer le rythme pour accroître cette participation. Notons que dans le monde, la célébration de ce 8 mars 2024 est placée sous le thème : “Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme” et sur le plan national, c’est le thème “ accroître les ressources nécessaires en faveur des femmes et des filles dans la paix pour un Congo paritaire”, qui a été retenu.
Japhet Toko