La période allant du 23 au 31 octobre est marquée tous les ans par la semaine de l'éducation aux médias et à l'information. Le thème retenu cette année est : « L'éducation aux médias et à l'information dans les espaces numériques : un agenda mondial collectif. » À cette occasion, le Desk femme d'Actualité.cd s'est entretenu avec Patient Ligodi, expert en communication et assistant à l'Institut Supérieur Facultaire des Sciences de l'Information et de la Communication (IFASIC) de Kinshasa. Il revient sur la contribution des médias et des TIC dans la promotion de l'égalité de genre, la liberté d'expression et l'accès à l'information.
Comment les médias et les TIC peuvent-ils contribuer à promouvoir l'égalité de genre ?
Patient Ligodi : les médias peuvent contribuer à promouvoir l'égalité de genre en mettant en lumière les questions liées à l'égalité des sexes, en sensibilisant le public et les autorités aux problèmes qui persistent et en encourageant le dialogue et la réflexion en déconstruisant les stéréotypes.
Ils peuvent jouer un rôle dans la promotion de la représentation équilibrée des sexes en mettant en avant des modèles positifs et en évitant les stéréotypes préjudiciables. Ils peuvent aussi servir de plateformes pour signaler et dénoncer les abus et la violence à l'égard des femmes, permettant ainsi de demander des comptes aux agresseurs.
Pensez-vous que les femmes journalistes ont accès à la liberté d'expression dans l'exercice de ce métier et accèdent facilement aux sources d'information ?
Patient Ligodi La liberté d'expression des femmes journalistes varie en fonction de la région et du contexte. Dans de nombreuses régions, elles font face à des défis liés à la discrimination de genre, à l'intimidation et à la violence. L'accès aux sources d'information peut également être entravé dans certains cas. Il reste encore du travail à faire pour garantir une égalité totale dans ce domaine.
Comment évaluez-vous la manière dont les femmes journalistes se donnent dans l'exercice de leur métier ?
Patient Ligodi: Les femmes journalistes congolaises se donnent de manière exceptionnelle dans l'exercice de leur métier, particulièrement dans l’Est de la RDC. Dans le domaine du photojournalisme, les meilleurs dans notre pays sont des femmes. Les femmes apportent une perspective précieuse, couvrent un large éventail de sujets, et contribuent à l'équilibre et à la diversité de la profession. Ce, malgré les défis persistants liés aux inégalités de genre dans le journalisme.
Quels conseils pouvez-vous donner aux femmes de médias pour leurs permettre de mieux exercer le métier du journaliste et surmonter les préjugés liés au genre dans le contexte congolais ?
Patient Ligodi: Je préfère donner quelques conseils à mes collègues hommes pour aider les femmes. Les hommes peuvent jouer un rôle crucial en défendant publiquement et en privé l'égalité des genres, en dénonçant les discriminations et en soutenant activement leurs collègues féminines. Les hommes expérimentés peuvent servir de mentors aux femmes journalistes, les aidant à développer leurs compétences, à comprendre les rouages du secteur et à progresser dans leur carrière. Ils peuvent aussi s’assurer que les opportunités professionnelles, telles que les postes de direction et les missions sur le terrain, soient ouvertes aux femmes autant qu'aux hommes. De plus, ils peuvent aussi être à l'écoute des préoccupations et des défis spécifiques auxquels les femmes journalistes peuvent être confrontées. Ils peuvent veiller à ne pas contribuer aux stéréotypes de genre dans les reportages, et encourager des récits équilibrés et non biaisés. Ils peuvent promouvoir la formation sur la diversité et l'inclusion au sein de leur rédaction pour sensibiliser l'ensemble de l'équipe aux problèmes liés au genre. Mieux, ils peuvent rejoindre des initiatives et des mouvements visant à promouvoir l'égalité des genres dans les médias et défendre ces questions au sein de leur organisation.
Célébrée chaque année, depuis 2011, la semaine mondiale de l'éducation aux médias et à l'information est pour les parties prenantes du monde entier une occasion de sensibilisation afin d'accroître l'adoption nationale et de célébrer les progrès accomplis en matière d'éducation aux médias et à l'information pour tous.
L'accent mis sur les espaces numériques dans l'édition de cette année donne l'occasion d'explorer des pistes pour renforcer la coopération multilatérale avec les plateformes numériques et d'autres parties prenantes dans l'intégration de l'éducation aux médias et à l'information dans les politiques, les opérations et les produits.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka