1,5 million de décès dans le monde ont été directement provoqués par le diabète en 2019 selon l’OMS. Plus tôt en 2016, une étude sur le diabète, publiée par l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa a révélé que 23.000 décès dans le pays étaient dus soit au diabète, soit à l’hyperglycémie. Causes, traitement et prévention, Raymond Dinaouz, médecin expert en diabétologie et maladies cardiovasculaires à l’hôpital Saint-Joseph répond aux questions du Desk Femme.
Bonjour Docteur Dynaouz et merci de nous accorder de votre temps. Comment définissez-vous le diabète ?
Raymond Dinaouz : Le diabète est un groupe de maladies dont le dénominateur commun est l’hyperglycémie. En soit, l’hyperglycémie désigne toute augmentation du sucre dans le sang au-delà des valeurs normales. Ce qui voudrait dire que naturellement, l’être humain a un taux de sucre dans le sang (glycémie). Dès que l'on constate une augmentation à deux reprises, on peut faire allusion au diabète, selon l’OMS.
Vous avez dit, un groupe de maladie. Combien de types de diabètes existe-t-il ?
Raymond Dinaouz : il existe plusieurs types de diabètes. Le diabète insipide, le diabète calcique, le diabète sucré qui est le plus fréquent. Le diabète sucré est subdivisé en deux types, le Diabète sucré de type 1 ou des diabètes insulino-dépendants (que l’on trouve généralement chez des jeunes de moins de 30 ans et les personnes minces). Le diabète de type 2, que l’on trouve chez des personnes obèses, des personnes âgées. C’est aussi une forme de diabète qui est très souvent associée à l’hypertension artérielle. A ce niveau, l’insuline secrétée par le corps ne parvient pas à être fixée à différents niveaux dans des cellules musculaires. Il existe aussi le diabète gestationnel, qui se manifeste à partir du deuxième trimestre de la grossesse. Une telle grossesse accouche d’un enfant macrosome.
Quels sont les symptômes qui déterminent qu’une personne est diabétique ?
Raymond Dianaouz : le malade est en lui-même le premier renseignant. C’est lui qui présente les symptômes et les explications aux médecins. Mais généralement, les cas de diabètes se découvrent quand l’individu entre en détresse respiratoire (en comas) ou après un accident vasculaire cérébral (AVC), une insuffisance rénale, des plaies qui ne se cicatrisent pas, après un check-up, une perte de poids, une perte de sensibilité des pieds ou une hyperglycémie.
Certains Kinois interrogés par le Desk Femme, estiment que parmi les causes du diabète en Afrique, il y a notamment « le sucre contenu dans les boissons alcooliques, les bières locales et les jus ». Que leur répondez-vous ?
Raymond Dinaouz : il faut une prédisposition génétique associée à un facteur de l’environnement. C’est-à-dire qu’il faut avoir des parents ou un membre de famille qui ont développé le diabète. Les autres facteurs n’ont pas beaucoup d’impacts. Si vos antécédents génétiques sont bons, le fait de manger des sucreries ne pourra pas développer le diabète. D’autres faits concernent l’obésité, la prise de pilules qui contiennent des corticoïdes, sans prescription médicale et la sédentarité.
D’autres personnes mentionnent le fait d’avoir relégué au second plan les plantes médicinales telles que la noix de coco (Makasu en lingala), le bilolo ou les solos (aubergines et les feuilles d’aubergines). Que pensez-vous de ces affirmations?
Raymond Dinaouz : il faut dire qu’actuellement, le fait que les africains essaient de copier le mode alimentaire, le mode de vie européen influence le nombre des cas de diabètes sucrés en Afrique et particulièrement en RDC. Le régime alimentaire bio est de moins en moins sollicité, laissant place aux produits surgelés, aux fast foods à certains produits de beauté non adaptés à notre type de peau.
Comment traiter le diabète ?
Raymond Dinaouz : le traitement de fond du diabète dépend du type auquel on fait face. Mais le traitement des complications aiguës ou chroniques de type 1 ou 2 se fait avec l’insuline. Le diabète insulino-dépendant se traite exclusivement avec l’insuline exogène. Pour d’autres formes, il faut des antidiabétiques en comprimés pour créer un environnement favorable à l’insuline. Étant une maladie invalidante (non guérissable), le traitement du diabète sucré se fait généralement durant toute la vie. Il y a aussi des exceptions. Le diabète gestationnel peut s’arrêter après l’accouchement. Pour les autres types de diabètes, le traitement va dépendre des pathologies responsables.
Est-ce que le diabète s’accompagne nécessairement de l’hypertension ?
Raymond Dinaouz : bonne question. Le diabète de type 2 (diabète de l’adulte) est celui qui s’accompagne le plus souvent de l’hypertension. Il y a une étude récente de la firme Shalina qui a établi qu' 1 diabétique sur 3 développe l’hypertension. Et donc, tout type de diabète ne s’accompagne pas de l’hypertension.
Par ailleurs, en termes de recommandations, le diabétologue appelle la population à prendre conscience de l’évidence de cette pathologie et à privilégier une alimentation saine et équilibrée. De privilégier la consommation des fruits et légumes. Le Dr.Raymond Dynaouz exerce depuis six ans en tant que diabétologue.
Propos recueillis par Prisca Lokale