José Makila est arrivé plusieurs minutes plus tard à l’audience qui se tient ce mardi 22 décembre au Tribunal de paix de Kinshasa-Ngaliema où le journaliste Pascal Mulegwa de RFI comparait sur de demande de l’ancien ministre des transports pour « diffamation ».
Le journaliste avait cité le sénateur Makila, dans un article du 20 septembre un rapport de l’Observatoire des dépenses publiques (ODEP) l’accusant d'avoir détourné de l'argent pour financer sa campagne électorale.
Déjà convoqué au début du mois d’octobre pour cette affaire, Pascal Mulegwa avait dû répondre à plusieurs questions devant le parquet de grande instance de Kinshasa - Gombe. Le plaignant, lui, ne s’est jamais présenté. Contacté par RSF, le journaliste dit ne pas comprendre la tenue d’un procès dans ces conditions, ni son inculpation. “L’ancien ministre n’était même pas la cible de l’article. J’étais entré en contact avec lui avant la diffusion. 24 heures après, il portait plainte contre moi.”
“ Cette affaire témoigne des intimidations que continuent de subir les journalistes en RDC, déclare la porte-parole de RSF, Pauline Adès-Mével. Pascal Mulegwa n’a rien à se reprocher. Il n’a fait que relayer des informations provenant d’un rapport d’ONG qui n’a elle-même pas fait l’objet d’une convocation devant le tribunal. Il n’y a pas eu de réelle confrontation, le plaignant n’ayant pas daigné se présenter à la convocation. Nous demandons l’abandon de toutes les charges retenues contre ce journaliste, qui n’a fait que son travail. Il est temps que cesse l’intimidation des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions.”
Le nombre des exactions perpétrées à l’encontre des journalistes et des médias reste élevé en RDC. Dans son dernier rapport annuel publié lundi 2 novembre, Journaliste en danger (JED), organisation partenaire de RSF, dressait un constat alarmant : en 2020, 116 violations de la liberté de la presse ont été enregistrées dans le pays, dont 40 arrestations. En novembre dernier, RSF s’était inquiétée de l’arrestation de deux journalistes détenus par les services de renseignement pour avoir filmé le président, Félix Tshisekedi, qui s’apprêtait à accorder une audience au palais de la Nation de Kinshasa. En septembre, un autre journaliste avait été arrêté après une plainte du gouverneur dans la province du Sankuru, dans le centre du pays.