Kinshasa : face à la montée des eaux du fleuve Congo, " sommes-nous prêts à céder nos terres pour reconstruire la ville selon les normes " ?

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Exposition photo ACTUALITE.CD

Next Corp, société éditrice d'Actualité.cd a organisé, le 10 février à Kinshasa, sa première exposition photographique et des panels portant sur la crue exceptionnelle du fleuve Congo observée en décembre 2023. Dans la salle de conférences du Musée national, ils étaient une cinquantaine, participants et intervenants, à discuter du passé glorieux de Kinshasa, de son présent déplorable ainsi que son futur catastrophique si aucune action concrète n'est mise en œuvre. 

" La crue a laissé une empreinte indélébile sur la capitale congolaise, révélant les failles béantes de son urbanisation et les effets dévastateurs du dérèglement climatique. Avec un niveau d'eau atteignant 6,20 mètres au port public de Kinshasa le 9 janvier 2024, les conséquences humaines, sociales et environnementales ont été d'une ampleur sans précédent. Les photographies exposées mettent en exergue la réalité brutale de cette crise dans trois zones de Kinshasa ", explique Patient Ligodi, Directeur de publication adjoint d'Actualité.cd. 

Cité du Fleuve, un quartier luxueux de la commune de Limete, des ménages inondés dans la commune de Barumbu, des sites touristiques envahis du quartier Mimoza et le débordement de la rivière Mangungu dans la commune de Ngaliema, ce sont là les sites concernés par cette exposition. 

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Master plan, céder nos terres ou continuer à se plaindre sans agir

Place aux panels. Le premier, sous le thème "Kinshasa, aujourd'hui et demain", a abordé les défis actuels et futurs liés à l'urbanisation de la ville, mettant en lumière les enseignements tirés de la crue récente et explorant des solutions durables. Il a été animé par Nicolas Patience Basabose et Didier Mumengi, respectivement architecte/ urbaniste et sénateur/élu de Kinshasa. 

Si l'architecte estime qu'un plan master de la ville de Kinshasa est primordial pour remédier aux catastrophes climatiques, Didier Mumengi, qui a déjà soumis au niveau de la chambre haute du parlement, soulève le fait que depuis 1970, Kinshasa à atteint plus de 800 ha de terre avec des constructions anarchiques. 

" Nous avons le choix entre accepter cette ville, réévaluer la situation actuelle ou construire une autre ville. (...) les lits des rivières sont de plus en plus réduits. Un exemple type est la rivière Makelele. Je pose donc cette question, sommes-nous prêts à céder, à accepter de perdre nos terres pour adapter Kinshasa aux normes urbanistiques ? ", interroge-t-il l'auditoire. 

Au second panel, Jean-Chretien Ekambo et Yoka Lye Mudaba se sont penchés sur le « rôle du journalisme dans l'évolution de la ville de Kinshasa ». Ils ont notamment examiné le rôle crucial du journalisme dans la compréhension et la communication des changements urbains, mettant l'accent sur les responsabilités des médias face aux défis climatiques.

Pour le professeur Ekambo, c'est l'humain, la population congolaise, qui est allée vers le fleuve et autres cours d'eau. Ce n'est pas le contraire. Et quant au journaliste, il a pour mission d'observer, d'analyser et a cette capacité de se projeter dans l'avenir à travers ses productions médiatiques. Il poursuit en précisant qu'à l'heure du numérique, le journaliste devrait intégrer le concept de "multicanalité". Il ne peut pas se contenter d'être journaliste de la Presse écrite, radio, ou TV. " Il en faut plus, un compte X, un blog, un espace qui vous permette d'exprimer votre point de vue pour faire avancer les questions d'intérêt public ". 

Il faut noter, par ailleurs, que cette montée exceptionnelle des eaux du fleuve Congo à été observée les 6 et 7 décembre 2023. L'exposition photographique de Next Corp reste disponible dans la salle de conférences du Musée national jusqu'au lundi 12 février.

Prisca Lokale