Kinshasa : le film “Heart of Africa” de Tshoper Kabambi projeté au Ciné club Minzoto

Projection film
Ph. ACTUALITE.CD

Le film dénommé “Heart of Africa” (Cœur d’Afrique), du réalisateur congolais Tshoper Kabambi, a été projeté dans la soirée du mercredi 28 septembre à l’espace Ntongo Elamu dans la commune de Bandalungwa, dans le cadre des activités du Ciné club Minzoto. Il s’en est suivi une conversation publique avec le réalisateur et l’acteur principal, Moyindo Mpongo, également présent.

L’histoire de “Heart of Africa” est principalement en Lingala, avec quelques scènes en français et en anglais. Tout se passe en RDC, dans la ville de Lodja qui existe en vrai et le village de Tshuluka, un lieu fictif. C’est le récit du jeune Gabriel Ngandu, rôle incarné par Moyindo Mpongo, qui est révolutionnaire mais contraint de fuir son village de Tshuluka suite à une histoire dramatique. Il a cru avoir tué involontairement celle qu’il considérait comme son amour.

Gabriel Ngandu fera de nombreuses et nouvelles expériences, l’amenant même à une nouvelle religion. Devenu missionnaire de l’église, il lui a été demandé de retourner dans son village de Tshuluka pour la construction d’un orphelinat. Ce qu’il a tenté de refuser sans succès. Il est envoyé avec un compagnon américain blanc, au nom de Martin, avec qui les relations sont devenues tendues.

Cette aversion de Martin est due au fait que Ngandu a grandi dans un milieu très hostile envers les blancs vu le passé colonial et l’esclavage. Il avait dans la tête qu’un blanc n’est pas un ami, pas un frère. Il a conservé cette hostilité transmise par ses chefs révolutionnaires qu’il allait voir de temps en temps. Les tensions se multipliaient et Ngandu subissait la pression des deux côtés. D’une part son chef révolutionnaire et d’une autre son président en tant que missionnaire.

Martin avait pourtant un problème similaire à Ngandu dans son passé aux Etats-Unis. Il a tué quelqu’un sous l’effet de la l’alcool. Après, les deux personnages ont fini par se comprendre peu à peu, se racontant leurs histoires et ont fini sur une note de fraternité ostentatoire. Les mondes entrent finalement en collision lorsque des explosions secouent le nouvel orphelinat et que son président missionnaire, Kabasubabu, est kidnappé par les révolutionnaires du village Tshuluka.

Le film, long métrage, d’une heure trente minutes (1h30), est claqué sur une histoire vraie et passionnante que l’une des collaborateurs du réalisateur a souhaité adapter en un film. Ce dernier est aussi un outil considérable de sensibilisation à la culture africaine. Il interroge subtilement différentes réalités telles que le rapport avec les occidentaux, la religion, les valeurs.

« La fiction ne reflète que les points de vue du réalisateur. C’est un peu moi dans ma tête. La religion paralyse bien des choses dans les têtes des gens. Est-ce que les gens qui nous ont amené la religion, ne nous ont-ils pas manipulé ? Est-ce que ceux qui nous disent que la religion est bonne ne nous manipulent pas ? », s’est interrogé Tshoper Kabambi à l’issue de la projection.

Et d’ajouter :

« On n’a pas de gens qui investissent dans le cinéma. C’est un problème. Mais les responsabilités sont partagées. Nous cinéastes, on doit aussi aller vers le public présenter nos films, aller à la télé les déposer. Mais c’est en train d’être fait ». 

Le film “Heart of Africa” a fait plus de 50 festivals pour plus de 25 trophées remportés dans le monde, dont le prix Lukumu du Cinéma l’année de sa sortie, en 2020. Il est sorti en salle aux Etats-Unis avant d’être projeté à Kinshasa après la période Covid-19. A en croire Tshoper, certains acheteurs ont accepté de prendre le film à condition de retirer certaines scènes, ce qu’il a catégoriquement refusé.

Tshoper Kabambi s’est dit ouvert pour les projections de ce film dans les universités ou autres lieux pour le faire arriver chez un grand nombre de Congolais. Quant au Ciné club Minzoto, qui a organisé cette activité, elle en a pris l’habitude de faire une le mois pour la promotion du cinéma. Les films de Nelson Makengo “Théâtre urbain” ou “E’ville” ont déjà été projetés dans le même cadre.

Emmanuel Kuzamba