Nord-Kivu: la société civile décrète une grève générale de deux journées pour exiger la fin de l’état de siège et le départ de la Monusco

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La coordination provinciale de la société civile, forces vives du Nord-Kivu décrète deux journées ville morte, le lundi 26 et le mardi 27 septembre prochains afin d'exiger la fin de l’état de siège et le départ de la mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RD Congo (Monusco). Le président de cette structure au Nord-Kivu, John Banyene, l'a dit au cours d'une conférence de presse ce mardi 20 septembre à Goma. Pour la société civile, il est inadmissible que Bunagana et plusieurs autres entités du territoire de Rutshuru soient toujours sous occupation des rebelles du 23 mars (M23), appuyés par le Rwanda, depuis plus de trois mois maintenant alors que l’état de siège a été institué en vue d’imposer la paix dans l'Est du pays. 

« Nous allons commencer par des actions pacifiques parce que nous, comme société civile, nous prônons la non violence. Le 26 et le 27 prochains, nous consacrerons deux journées ville morte pour contraindre le gouvernement d'aller récupérer la cité frontalière de Bunagana et d'autres entités sous l'emprise du M23. Si rien  n'est fait, nous allons appeler la population à ne plus payer des taxes et des impôts, parce que là, l'État aura déjà failli à sa mission », a dit John Banyene, président de la société civile, lors d'une conférence de presse à laquelle ont été associés des activistes des mouvements citoyens. 

Plusieurs autres actions dont des sit in, sont envisagées afin de contraindre le gouvernement à sécuriser l'Est et d'exiger le départ de la Monusco du sol congolais. 

« À part cette désobéissance fiscale, nous allons commencer à organiser des sit in devant les institutions provinciales, urbaines, territoriales et même devant certaines bases des Nations-Unies pour exiger leur départ parce qu'ils n'ont plus à faire ici chez nous. Ça a été ouvertement déclaré par le secrétaire général des Nations-Unies qui est le patron de la Monusco. Notre population doit savoir qu'on ne libère pas un peuple mais le peuple se libère et nous devons nous libérer de cette guerre et de cette insécurité dont nous sommes victimes », a ajouté John Banyene. 

Les manifestations anti-Monusco enregistrées dernièrement  dans plusieurs villes et agglomérations du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, ont fait au moins trente-six morts dont quatre casques bleus et près de cent septante blessés, selon le bilan dressé par le gouvernement congolais. 

Bunagana, cité frontalière avec l'Ouganda, située à plus ou moins 90 Km de Goma, dans le territoire de Rutshuru, est sous le joug des rebelles du M23, depuis plus de trois mois maintenant. Plusieurs autres localités des groupements Jomba, Busanza, Kisigari et Busanza sont également occupées par cette rébellion, soutenue par le Rwanda, d'après Kinshasa. Situation qui pousse plusieurs habitants de la région à l'errance du côté de Rutshuru-centre et environs. Des milliers de ménages qui s’étaient réfugiés en Ouganda ont été refoulés et vivent dans la précarité à Rutshuru-centre et environs. 

Le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guteress a, dans une interview avec RFI et France 24, confirmé les propos du porte parole de la Monusco, Matthias Gillmann, selon lesquels le M23, opérant comme une armée bien organisée, dispose des armes sophistiquées plus que celles que détiennent la Mission de l'ONU au Congo-Kinshasa. Ces propos  avaient d'ailleurs coûté l’expulsion, du sol congolais, du porte-parole de la mission. 

Jonathan Kombi, à Goma