La méthode William Ruto se dessine. Le nouveau président Kényan ne fait pas dans la dentelle. Il affirme déjà ses ambitions et celles de son pays au niveau régional. A peine proclamé officiellement Chef de l’Etat du géant de l’Afrique de l’Est que l’ancien opposant déploie déjà sa stratégie. Il vient de nommer son prédécesseur Uhuru Kenyatta comme son envoyé spécial pour la paix dans la région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique.
« Je me suis engagé à ce que le gouvernement du Kenya soutienne ces initiatives qui seront présidées par le président Kenyatta et je tiens à vous remercier, Excellence, d'avoir gracieusement accepté de nous soutenir et de m'aider dans ces interventions », a t-il déclaré dans son discours d’investiture.
En clair, le vrai changement ne réside que dans l’appareillage diplomatique. Dans le fond, il s’agit de la continuité d’une politique déjà menée par Uhuru Kenyatta qui s’étaient illustré particulièrement à la tête du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, mais aussi à travers la place qu’occupe le Kenya depuis janvier 2021 au Conseil de sécurité des Nations unies comme membre non permanent (jusqu’en 2023). L’ancien président a aussi conduit le processus dit de Nairobi pour la recherche de la paix dans l’Est de la RDC. Il a positionné son pays comme la plaque tournante de ces négociations dans le cadre de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est au nez et à la barbe de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Afrique du Sud, souvent leaders sur la question congolaise.
Eu égard aux relations qu'entretient Félix Tshisekedi avec l’ancien dirigeant kenyan, cette nomination n’est pas pour déplaire Kinshasa qui s’apprête à dépêcher à Nairobi « rapidement » une mission pour maintenir le contact et avancer sur les grands dossiers.
« Dans les prochains jours je vais envoyer une équipe pour rencontrer vos collaborateurs et les briefer sur les grands dossiers autour desquels notre collaboration sera faite et qui seront au menu de nos prochaines discussions, ici à Nairobi et à Kinshasa », avait dit Félix Tshisekedi en marge de la cérémonie d’investiture de William Ruto.