RDC: les sanctions américaines contre Dan Gertler ont pesé lourd, ce qui a permis au gouvernement de négocier de manière “tout à fait sereine” (Présidence)

1
Dan Gertler, homme d'affaires Israélien. Ph. Droits tiers.

André Wameso, Directeur de Cabinet adjoint du Chef de l'État en charge des questions économiques et financières et Vice-président de la commission qui a statué sur l'affaire Dan Gertler, a reconnu le rôle des États-Unis d'Amérique dans le qui a permis de parvenir à un accord à l'amiable entre la RDC et l'homme d'affaires Israélien. Pour André Wameso, les sanctions américaines contre Dan Gertler ont permis à la République Démocratique du Congo de négocier en position de force.

“Je voudrais commencer par saluer les efforts des Ongs et notamment de la presse pour son travail d'investigation qui a permis justement à épingler les contrats déséquilibrés qui existaient entre les sociétés du Groupe Ventura détenu par Monsieur Gertler et la République Démocratique du Congo ainsi que les sanctions américaines qui ont pesé lourd dans la balance pour nous permettre de négocier de manière tout à fait sereine. Mais malgré ces investigations, malgré les dénonciations, malgré les sanctions, la République Démocratique du Congo propriétaire des actifs qui ont souvent étaient objet de litige n'a jamais pu se retrouver ou bien recouvrer la propriété de ses biens au grand désarroi de sa population. Donc il fallait avoir une autre stratégie, la stratégie était simple nous étions guidés par la vision du Président de la République de se réapproprier nos richesses. C'était ça l'objectif principal”, a indiqué André Wameso jeudi 3 mars 2022 au cours d'un briefing conjoint avec la ministre de la justice et son collègue de la communication.

Et de poursuivre :

“Ce qui restait dans l'escarcelle  du groupe Gertler, ce sont les deux blocs pétroliers du lac Albert; blocs 1 et 2, la mine d'or qui est juste à côté de celle de Kibali; Moku Beverendi et le gisement de fer de Banalia.  Au moment où nous étions en train de négocier, ces actifs miniers et pétroliers étaient évalués à 2 milliards de dollars, un peu plus. Donc la stratégie pour la République Démocratique du Congo était simple, personne ne pouvait les exploiter surtout pas monsieur Gertler nous non plus en tant que RDC puisque nous étions en litige prolongé. Donc il fallait trouver un accord à l'amiable sur l'ensemble du dispositif. Il y avait aussi un conflit qui nous a opposé à Monsieur Gertler qui concernait les royalties mais nous sommes partis du postulat que ces royalties ont été obtenus par le groupe Gertler à la faveur d'un contrat en bonne et dûe forme”.

Les sanctions américaines ont également pesé sur le paiement des royalties de Dan Gertler. 

“La seule chose qui lui a été demandée c'était de ne pas toucher ces royalties en dollars USD puisque ces sanctions étaient américaines. Donc les royalties étaient effectivement perçues mais dans une autre monnaie. Il fallait faire la mise en balance entre vouloir récupérer à tout prix ces royalties mais avec les amis de la commission on a fait un calcul financier, ces royalties provenaient d'un prêt que le groupe Fleurette à l'époque a accordé à la Gécamines et ce prêt était garanti par les fameuses royalties dont tout le monde connaît l'historique mais Gecamines a utilisé cet argent, en investissant dans une usine qui s'appelle Deziwa. Cette usine vaut aujourd'hui plusieurs milliards de dollars USD au profit de la Gécamines, tout ce qu'on a su épingler c'est le trop perçu dans les royalties de KCC parce qu'au moment où ces royalties ont été mises en garantie, les termes du contrat entre Glencore et la Gecamines omettait certains droits de la Gécamines. Ces droits étaient postérieurs au contrat de garantie mais nous avons négocié durement pour que ce que Glencore nous devait dans ce qui était postérieure au contrat que la société Ventora nous le restitue et c'est un montant évalué à 249 millions d'euros que la société nous doit aujourd'hui”, a expliqué André Wamesso.

M. Gertler est sous sanctions des États-Unis. Ses sociétés font l’objet de suspicions de détournements d’argent et de corruption en RDC. Il est reproché d'avoir signé des « contrats miniers et pétroliers opaques et entachés de corruption » en RDC.  La société civile congolaise, à travers la campagne Congo n'est pas à vendre (CNPAV) l'accuse d'avoir fait perdre à la RDC a peu près « 1,36 milliard de dollars de recettes » fiscales dans les années 2010, grâce à sa bromance avec l'ancien Président Joseph Kabila.

Clément Muamba