RDC : l’armée organise aussi le convoi de sécurité des véhicules sur la route Butembo-Beni qui restait encore l'axe « sécurisé » de la RN2

Ph/actualite.cd

Depuis jeudi 12 août dernier, aucun véhicule ne quitte Butembo pour Beni, ou Beni pour Butembo sans escorte militaire. Le commandement des opérations militaires Sokola 1 a décidé de convoyer les usagers de cet axe de 54 Km de terres battues à la suite, d'après des sources militaires, des menaces d'attaques des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) actifs dans la région de Beni. Chaque matin, des militaires quittent Beni avec des dizaines de véhicules pour accompaner les usagers à Butembo avant de retourner avec d'autres à Beni.

« Généralement, ils font un seul tour. On doit tout faire pour être prêt au poste de contrôle, sinon on rate le convoi », indique à ACTUALITE.CD un agent commis au poste de contrôle de la mairie basé à la barrière de Kangothe à l’entrée nord de la ville de Butembo.

Dans le Grand-Nord (Beni, Butembo et Lubero), la route Butembo-Beni restait l'un des axes les « sécurisés ». Car en dépit de la présence des miliciens mai-mai aujourd'hui cantonnés dans la région de Kalunguta, à 30 Km au nord de Butembo, il n’y avait pas d'attaques sur ce tronçon, avant que les rebelles ADF ne fassent, le 15 juillet dernier, l'incursion dans la localité, tuant 5 personnes et incendiant des véhicules avant de se retirer dans la brousse.

« Il y a quelques semaines on ne se gênait de quitter Beni même à 18h30 pour venir passer la nuit à la  maison à Butembo. Mais après cette attaque, tout peut désormais arriver. Il faut être prudent », confie à ACTUALITE.CD Kavira Jeanne, une commerçante de Butembo qui a été obligée de passer la nuit à Beni, après avoir fini tard son business.

Aujourd'hui, les chauffeurs qui empruntent l'axe sont sur le qui-vive. Mais pour des raisons d'insécurité, ils sont obligés d'accepter l'escorte.

« Les gens faisaient Beni-Butembo quand ils voulaient. Avec le convoi, c'est inquiétant. Mais parce que ce sont les services de sécurité qui ont la température de la situation sécuritaire, nous sommes obligés de nous plier à leur décision d'instaurer le convoi de sécurité, parce que nous ne savons pas ce qui peut arriver. Vous savez, l'ennemi est en train d'être frappé dans la vallée de Mwalika, à quelques dizaines de Km de Butembo, avec ça, les autorités craignent que les rebelles ne débordent vers la ville pour commettre des atrocités », se résigne M. Mbusa Wining, vice-président de l'Association des chauffeurs du Congo (ACCO) au Grand-Nord.

Pour ces chauffeurs, cette réduction sensible de trafic affecte le secteur du transport et va impacter à coup sur l'économie de la région.

« Avant l'insécurité, on pouvait enregistrer un trafic d'environ 300 véhicules le jour. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Juste deux mouvements le jour. En plus, on est obligé de marcher lentement pour attendre les autres, et par  conséquent, c'est le coût du carburant qui augmente », regrette M. Mbusa Wining, avant d'insister sur l'importance de l'axe.

« L'axe relie nos deux villes  qui sont proches, et cet axe Butembo-Beni c'est la nationale numéro 2 qui ouvre sur Mambasa, Kisangani, et c'est un passage obligé pour ceux qui nous viennent de Bunia, Kasindi (à la frontière avec l'Ouganda, ndlr) ou des grandes agglomérations de Beni comme Mangina.  C'est une route capitale. Suite aux tueries et incendies de nos véhicules, les chauffeurs ne sont pas dans leurs bains. Nos trafics ne sont plus aussi intenses qu'auparavant », s'inquiète M. Mbusa Wining.

« Nous voulons être en sécurité. Le convoie ne garantie pas grand chose. Il faut rétablir la sécurité pour que les gens reprennent le trafic comme auparavant. Que l'État nous aide à améliorer la sécurité, sinon ça ne va pas », exhorte-il.

Claude Sengenya