Une "conjonction optimale de facteurs" menace la réponse humanitaire à l'épidémie d'Ebola en RDC, a averti mardi l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a suspendu “temporairement” ses activités à Beni (Nord-Kivu), après le massacre d'une vingtaine de personnes.
En République démocratique du Congo (RDC), la tuerie samedi 22 septembre à quelques centaines de mètres du centre-ville de Beni (est) a fait 21 morts (17 civils, quatre militaires), selon un responsable militaire qui a annoncé l'ouverture d'une enquête.
Les habitants ont décidé de prolonger leur grève générale jusqu'à vendredi pour protester contre une nouvelle tuerie attribuée par les autorités au "terrorisme" du groupe armé d'origine ougandaise Allied Democratic Forces (ADF).
A Beni où l'OMS dispose de son centre opérationnel pour l'actuelle épidémie, "nos opérations sont suspendues", a déclaré Peter Salama, directeur exécutif du Programme de gestion des situations d’urgence sanitaire de cette agence de l’ONU.
Aussi, lundi, plus de 80% des personnes menacées d'un risque immédiat d'Ebola n'ont pas pu être atteintes à Beni et dans ses environs. En outre, "nous avons constaté une augmentation de la fréquence et de la gravité des attaques menées par des groupes d'opposition armés au cours de dernières semaines", poursuit-il.
"Nous sommes très préoccupés pour la sécurité de notre personnel", a-t-il ajouté, précisant toutefois que jusqu'à présent le personnel de l'OMS n'avait pas été visé.
D'après M. Salama, l'OMS n'envisage pas le besoin d'évacuer mais l'organisation a, malgré tout, établi des plans d'urgence.
Mais, prévient-il, "si l'OMS et ses partenaires se retiraient du Nord-Kivu, en dépit de l'excellent travail du ministère de la Santé et leur leadership, nous aurions les plus grandes craintes de voir cette épidémie hors de contrôle dans les prochaines semaines ou les prochains mois".
"Le gouvernement et ses partenaires dans la riposte ne partiront pas de la région de Beni jusqu'à ce que le dernier cas d'Ebola soit guéri.Il fallait respecter le deuil et le mécontentement des populations. Mais nous faisons tout pour créer des conditions qui permettront aux équipes sur le terrain de travailler 24h sur 24", a déclaré le ministre congolais de la Santé, le Dr Oly Ilunga.
Il a également souligné l'inquiétude de l'OMS face au "niveau de résistance et de méfiance des communautés".
Christine Tshibuyi