Un rapport de l'ONU Femme RDC publié en début d'année renseigne que les femmes possèdent 30 % des petites et moyennes entreprises dans le monde, mais les entreprises appartenant à des femmes n'ont accès qu'à 1 % de tous les contrats des marchés publics. Les petites et moyennes entreprises détenues par des femmes ou dirigées par des femmes se heurtent à davantage d'obstacles structurels que leurs homologues masculins, et les femmes sont exposées à toute sorte de violences.
Pour faire face à ce déséquilibre lié au genre qui persiste dans tous les domaines de la vie sociale en RDC, des études et enquêtes sont menées afin de permettre à la femme de recouvrir toute son autonomisation.
À ces recherches, s'ajoute la thèse de doctorat du professeur Allegra Kabamba Mbuyi soutenue le mois dernier à l'Université Catholique de Louvain sur « Les institutions de microfinance et conditions de vie des femmes dans un contexte de crise économique à Kinshasa, en RDC ».
La question principale de ce travail était celle de savoir si le simple fait d'avoir accès aux institutions de microfinance (IMF) suffit pour rendre la femme autonome. Cette étude a déterminé d'un côté l'incidence de l'inclusion financière par le biais des IMF dans le système financier en RDC et de l'autre côté, analysé les effets de cette inclusion sur les conditions de vie des femmes à Kinshasa. Les résultats montrent qu'il y a des changements positifs en matière d'inclusion financière en RDC grâce aux IMF. Malheureusement, l'accès des femmes aux IMF n'améliore pas nécessairement leurs conditions de vie.
D'où la nécessité de la mise en œuvre de certaines politiques économiques au travers des réformes pour stimuler ce secteur dominé par les femmes, explique la professeure.
"L'amélioration des conditions de vie des femmes est l'une des questions d'actualité les plus importantes dans les pays en développement. Il a été démontré que l'égalité du genre et l'autonomisation des femmes sont fondamentales pour améliorer les conditions économiques, sociales et politiques des entités et ainsi réduire la pauvreté. Cependant, le statut des femmes, leur participation à la prise de décisions et aux activités économiques est très faible. Dans ces conditions, les institutions de microfinance (IMFs) sont une réponse et jouent un rôle important dans l'amélioration des conditions de vie des femmes consécutivement à leur plus grande participation aux activités économiques. Malheureusement, l'accès des femmes aux IMFs n'améliore pas nécessairement leurs conditions de vie", a-t-elle soutenu.
En vue de faire face au dysfonctionnement dans ce secteur, l'enseignante propose :
- La prise en compte des normes culturelles pour s'attaquer aux disparités de genre afin d'améliorer les conditions de vie des femmes ;
- Le renforcement de l'empowerment féminin à tous les niveaux.
- Un travail d'éducation parentale vis-à-vis des enfants de 4 à 5 ans pour une meilleure orientation sur le comportement lié au genre
- La sensibilisation des femmes pour une prise de conscience de leurs capacités/potentiels, aux côtés des hommes, au travers de différents canaux de communication
- D'aider les femmes à oser si elles en ont la capacité
- De les accompagner et de les appuyer dans leurs initiatives
Selon Allegra Kabamba, les femmes continuent de souffrir de discriminations et de jugement injustifié de leur personnalité.
Elles ploient encore pour beaucoup sous divers types de harcèlement.
Les relations avec leurs homologues masculins ne sont pas toujours égalitaires
Les femmes continuent d'être asphyxiées par des mécanismes juridiques et politiques disparates et hétéroclites.
Pour relever ce défi, elle invite les femmes à œuvrer en synergie pour arracher de gré ou de force leurs droits, de se lancer chaque fois dans des challenges objectifs pour s'affirmer intellectuellement et politiquement.
Un diagnostic de la Banque Mondiale sur « l'autonomisation des femmes en RDC : obstacles et opportunités » publié en juin 2021, rapporte qu'en République démocratique du Congo, les écarts importants entre les femmes et les hommes sur le marché du travail compromettent les initiatives du pays en faveur d'une croissance économique inclusive.
Seules 62 % des femmes font partie de la population active et à peine 6,4 % d'entre elles ont un emploi salarié, contre 23,9 % des hommes.
Les femmes sont 8,2 % moins susceptibles de travailler que les hommes.
Dans le secteur agricole (le plus important en RDC), les agricultrices produisent 17,8 % de moins que leurs homologues masculins (avec des rendements à l'hectare inférieurs de 10,9 %). En outre, les salaires des femmes sont inférieurs de 77,3 % à ceux des hommes, et les profits des entreprises qu'elles dirigent sont également plus faibles de 66,5 % que ceux générés par les entrepreneurs.
Nancy Clémence Tshimueneka