Est de la RDC : les USA appellent à la fin "immédiate" de l'achat des minerais issus des zones contrôlées par le M23

Dorothy Camille Shea, représentante adjointe des États-Unis à l'ONU
Dorothy Camille Shea, représentante adjointe des États-Unis à l'ONU

Alors que la situation sécuritaire et des droits humains en RDC continue de se détériorer à la suite de la résurgence de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, les États-Unis d'Amérique déplorent l'aggravation de l'exploitation illicite des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo.

Devant le Conseil de Sécurité de l'ONU, mercredi 19 février, Dorothy Camille Shea, représentante adjointe des États-Unis auprès des Nations-Unies a appelé à la fin "immédiate" des minerais issus des zones sous contrôle de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.

" Ce conflit a également aggravé l'exploitation des trafics dans l'est de la RDC, l'exploitation du secteur des minerais, des nombreux minerais font l'objet de contrebande à l'international y compris à travers les pays voisins. Nous exhortons la fin immédiate de l'achat des minerais dans les zones contrôlées par le M23 notamment dans les régions que le gouvernement de la RDC a qualifié des zones rouges ", a déclaré la diplomate américaine au cours de cette séance consacrée à la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC.

Bien avant cette mise en garde de l'administration américaine, le gouvernement de la RDC via le ministère des Mines avait pris une série de mesures contre les minerais issus des zones sous contrôle du M23 soutenu par le Rwanda. Au cours d'un briefing conjoint avec son collègue de la communication et médias, le ministre des Mines, Kizito Pakabombe, était revenu sur son arrêté signé le 12 février 2025 portant classement au statut "Rouge" de certains sites miniers du territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu et du territoire de Kalehe dans le Sud-Kivu. Selon sa décision, la reconsidération du statut de ces sites miniers est justifiée par deux constats, à savoir que "l'exploitation et le commerce illicite des minerais organisés par les agresseurs (les forces négatives et l'armée nationale d'un État membre de la CIRGL) établissent une chaîne d'approvisionnement illégale" et que "ces chaînes d'approvisionnement illégale constituent la source principale du financement de cette guerre d'agression et d'occupation".

Dans son argumentaire en référence à l'exposé de motif de la présente décision, l'arrêté considère que la guerre d'agression contre la RDC, déclenchée en 2021 par l'un des États membres de la CIRGL, produit des effets néfastes sur les activités économiques. Le rapport du Groupe d'experts des Nations unies pour la RDC, publié le 27 décembre 2024, révèle et étaye un soutien logistique et en troupes de l'armée nationale d'un État membre de la CIRGL aux forces négatives, opérant d'une manière générale dans la partie Est du territoire national, et d'une manière particulière dans plusieurs sites miniers, parmi lesquels ceux cités ci-dessus.

Le ministre des Mines justifie la reconsidération des statuts de ces sites miniers par deux constats. Le premier est que "l'exploitation et le commerce illicite des minerais organisés par les agresseurs (les forces négatives et l'armée nationale d'un État membre de la CIRGL) établissent une chaîne d'approvisionnement illégale, en violation du cadre légal et réglementaire de la RDC, des principes du 'Manuel du Mécanisme régional de certification (MRC) de la CIRGL' et des directives du 'Guide de l'OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d'approvisionnement responsables en minerais provenant de zones de conflit ou à haut risque'."

Le deuxième constat est que "ces chaînes d'approvisionnement illégale constituent la source principale du financement de cette guerre d'agression et d'occupation."

Lors de son allocution trimestrielle fin 2024 devant le Conseil de sécurité de l'ONU ce lundi, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a exprimé une vive préoccupation concernant la consolidation du contrôle administratif du M23 dans les territoires de Masisi et Rutshuru, au Nord-Kivu. Ce contrôle a permis au groupe rebelle d’établir un monopole sur la production de coltan, un minerai important pour l’industrie technologique mondiale. Keita a précisé que le commerce provenant de la région de Rubaya, qui représente plus de 15 % de la production mondiale de tantale, génère environ 300 000 dollars par mois pour le M23.

En parallèle à ces révélations, Madame Bintou Keita avait souligné l’importance d’améliorer la gouvernance de l’exploitation des ressources naturelles en RDC. Elle a encouragé le gouvernement à renforcer la transparence et la traçabilité des flux miniers et à investir dans la transformation locale des matières premières, tout en prenant des actions concrètes contre les flux financiers illicites.

Clément MUAMBA