RDC : plus de 42 000 personnes ayant fui l’offensive du M23 notamment à Kalehe se trouvent en détresse à Idjwi

Idjwi sur la carte
Idjwi sur la carte

Le territoire insulaire d'Idjwi, situé dans la province du Sud-Kivu a accueilli au moins 42 000 déplacés de guerre, fuyant les violences des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Ces populations, principalement originaires des territoires voisins de Kalehe et Kabare, se retrouvent dans des conditions de vie précaires, sans aide humanitaire. Selon Mustapha Mamboleo, administrateur du territoire d'Idjwi, ces déplacés vivent une situation de grande vulnérabilité.

« Depuis que les déplacés ont commencé à venir de partout vers Idjwi, fuyant les affrontements, nous sommes à 42800 personnes. Et ces personnes vivent dans des conditions déplorables. Il n’y a pas d’assistance et c’est pourquoi nous continuons à faire appel aux personnes de bonne foi pour venir assister ces déplacés. La communauté locale a déjà fait et continue à faire ce qu’elle peut en termes de solidarité mais leur assistance ne suffit pas », explique Mustapha Mamboleo, administrateur du territoire d’Idjwi.

Et de poursuivre :

« Aujourd'hui, la situation humanitaire est catastrophique à Idjwi. Certains se sont dirigés vers d'autres camps dans la partie sud, dans le groupement Mbinga sud, et d'autres se réfugient dans des familles d'accueil. Il est important de mentionner que ces familles d'accueil sont très sollicitées. C'est donc une situation très compliquée. De nombreuses familles d'accueil qui ont reçu des déplacés n'ont pas assez de ressources pour subvenir à tous les besoins, surtout alimentaires et sanitaires ».

Les déplacés, principalement originaires de la chefferie de Bahavu, dans le territoire de Kalehe, témoignent des horreurs qu’ils ont vécues. Nombre d’entre eux ont été contraints de fuir après des tueries dans plusieurs villages du groupement de Buzi, perpétrés par des groupes armés. Ils ont perdu des proches et des biens pillés.

Ce dimanche 16 février, ces déplacés ont lancé un appel à la solidarité face à cette crise humanitaire sans précédent. Au-delà de la solidarité locale, ces victimes de la guerre appellent également les autorités nationales et provinciales à s’impliquer activement pour rétablir la paix et la sécurité dans la région.

«Depuis que nous sommes arrivés ici à Idjwi nous vivons dans de mauvaises conditions, surtout que plusieurs familles manquent d'abris, les femmes et les enfants sont majoritaires. Ils ont besoin d’assistance. Nous faisons appel à l’aide humanitaire. Nous appelons la population à une solidarité durant cette période difficile que nous traversons actuellement. Nous demandons aux autorités de prendre des mesures concrètes pour garantir notre sécurité et faciliter notre retour dans nos foyers », a insisté Bahati Shamavu, représentant des déplacés venus de Kalehe.

Cette situation a également été abordée lors du sommet conjoint EAC-SADC (Communauté de l’Afrique de l’Est et Communauté de Développement de l’Afrique Australe), qui s’est tenu à Dar-es-Salam, en Tanzanie. Les chefs d’État et de gouvernement des deux organisations sous régionales ont adopté des mesures pour tenter de répondre à l’urgence humanitaire et à la crise sécuritaire. Selon le communiqué final du sommet, il a été décidé de la cessation immédiate des hostilités et d’un cessez-le-feu sans conditions, auquel toutes les parties sont tenues. Ce processus inclut également la réouverture de l’aéroport de Goma et des principales voies d’approvisionnement terrestres et lacustres, afin de permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et le rapatriement des blessés.

Toutes ces mesures ne sont pas observées jusqu’ici. Les rebelles du M23 o,t intensifié l’offisive dans le Sud-Kivu jusqu’à occuper la ville de Bukavu, chef-lieu de la province.

Josué Mutanava, à Goma