Alors que les victimes de l'activisme des groupes armés et ceux de la guerre avec les M23 soutenus par Kigali vivent dans des conditions "précaires" et très " difficiles", Bintou Keïta, Cheffe de la Mission des Nations Unies en RDC a réitéré son appel urgent aux donateurs pour qu'ils fournissent les ressources nécessaires pour garantir une aide humanitaire adéquate à ceux qui en ont dramatiquement besoin.
Dans son intervention lors du briefing devant le conseil de sécurité de l'ONU mercredi 27 mars dernier, Bintou Keita a révélé que la faible mobilisation des fonds pour le précédent plan humanitaire risque d'impacter négativement si rien ne fait dans le plan humanitaire de l'année 2024.
« Cette catastrophe humanitaire exige de la communauté internationale des réponses adéquates pourtant en février le plan de réponse humanitaire du pays pour 2023 restait considérablement sous-financé avec seulement 40% de 2,25 milliards USD requis jusqu'à présent. Celà représente une forte baisse par rapport au 53,2% de 2022 et n'augure rien de bon pour le plan de réponse humanitaire de 2024 lancé avec l'objectif de lever 2,6 milliards USD et dont le financement n'a atteint que 14,2% aujourd'hui. Je réitère donc mon appel urgent aux donateurs pour qu'ils fournissent les ressources nécessaires pour garantir une aide humanitaire adéquate parvienne à ceux qui en ont dramatiquement besoin », a plaidé Bintou Keïta, Cheffe de la Mission des Nations Unies en RDC dans son discours en visioconférence.
À l'en croire, ce cri d'alarme face à la catastrophe qui se déroule sous "nos yeux" notamment en raison de l'escalade de la crise du M23 au Sud-Kivu mais aussi des violences armées prolongées en Ituri et au Sud-Kivu.
« Selon le bureau des Nations-Unies pour la coordination des affaires humanitaires OCHA plus de 7,1 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays soit 800.000 personnes de plus depuis mon dernier briefing de décembre il y a environ 3 mois. 23,4 millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire ce qui signifie qu'un congolais sur 4 est confronté à la faim et à la malnutrition faisant de la République Démocratique du Congo le pays le plus touché par l'insécurité alimentaire », a fait remarquer Bintou Keita.
Et de poursuivre :
« La ville et la périphérie de Goma font face à des vagues massives de déplacés internes. À la fin du mois dernier, au moins 104 sites de déplacement ont été enregistrés autour de Goma, accueillant plus de 630.000 personnes. Les cas des violences basées sur le genre et d'exploitation sexuelle ont également atteint les nouveaux records. Pour le seul mois de janvier 2024, 10.400 cas de violences basées sur le genre ont été signalés à travers tous les pays, une augmentation beaucoup plus élevée que pendant les années précédentes ».
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et la communauté humanitaire ont lancé ce mardi 20 février à Kinshasa un appel à la mobilisation de 2,6 milliards de dollars pour financer le plan de réponse humanitaire 2024 en vue de fournir une assistance vitale et des services de protection à 8,7 millions de personnes dont la survie dépend largement de l’aide d’urgence. La crise humanitaire en République démocratique du Congo a pris des proportions alarmantes. De nouvelles flambées de violence, notamment à l’Est du pays, obligent les populations affectées à des déplacements répétés.
La République démocratique du Congo, dans sa partie Est, fait face à l'activisme des groupes armés étrangers et locaux. À l'Est, la situation s'est détériorée davantage depuis la résurgence des rebelles du M23 soutenus par Kigali. Depuis l'année 2021, plusieurs pans de la province du Nord-Kivu sont sous le contrôle de ces rebelles. Ils veulent un dialogue direct avec Kinshasa, un schéma que rejette l'administration Tshisekedi, voulant dialoguer directement avec Kagame qu'elle considère comme le parrain du M23.
Clément MUAMBA