La situation économique du territoire de Kwamouth ne cesse de se détériorer. Depuis une année et huit mois, les habitants de la cité de Kwamouth n'ont toujours pas accès aux champs, alors que l'agriculture est l'activité principale de cette partie de Maï-Ndombe, considérée comme le grenier de Kinshasa, Bandundu-Ville (Kwilu) et des territoires voisins. Suite aux violences imposées par les miliciens Mobondo depuis juin 2022, entraînant des morts, des incendies, la destruction de biens et un déplacement massif des populations, plus personne n'accède aux champs et les forêts restent occupées par les miliciens.
Les maïs, maniocs, courges, huile de palme, braises, etc., devenus rares au chef-lieu du territoire, Kwamouth est actuellement dépendant de la ville de Bandundu, située à des centaines de kilomètres.
Cette situation, alerte le président de la société civile locale, est à la base de plusieurs décès et de cas de malnutrition affectant particulièrement les enfants. "La situation a changé. Kwamouth, qui alimentait initialement Kinshasa, Maluku, Bandundu... Maintenant, tout ce que Kwamouth reçoit vient d'ailleurs. Pour obtenir du fufu, il faut aller à Mushie et ailleurs, le maïs également. Cette situation risque de provoquer de nombreux décès dans la partie restante de Kwamouth. La cause, c'est l'insécurité.
Cela fait une année et près de dix mois que les gens ne fréquentent plus la forêt, ils ne craignent pas les Mobondo qui y sont logés. C'est ce qui est à la base de cette situation dramatique," a déclaré Martin Suta. Celui-ci, appelant au renforcement des dispositifs sécuritaires et au délogement des miliciens occupant les forêts, alerte sur la nécessité d'une assistance humanitaire en faveur de la population de la cité de Kwamouth, qui accueille de nombreux déplacés.
"L'agriculture est notre activité principale. Nous demandons au gouvernement de prendre rapidement des dispositions pour rétablir l'autorité de l'État afin que nous ayons accès aux champs. Nous voyons les enfants mourir de malnutrition, les mamans et les déplacés qui sont à Kwamouth souffrent, il y a beaucoup de décès. Une assistance humanitaire est nécessaire, ainsi qu'un projet à long terme pouvant soutenir la crise à Kwamouth. Nous demandons vraiment aux autorités, tant nationales que provinciales, de nous assister car nous sommes dans le besoin," conclut-il.
Kwamouth, territoire portuaire de la province de Maï-Ndombe, frontalier avec la capitale, est le théâtre de violences depuis juin 2022. Jusqu'à fin 2022, plus de 300 morts étaient rapportés par Human Rights Watch. Les incursions des miliciens Mobondo ont, au fil des mois, exacerbé la situation sécuritaire dans tout le grand Bandundu, touchant les territoires de Bagata (Kwilu), Popokabaka et Kenge (Kwango), ainsi que la commune de Maluku à Kinshasa.
Jonathan Mesa à Bandundu