Lualaba: l’exploitation "illégale" d'une mine à Kisankala fait des victimes

Photo droits tiers
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À la suite des derniers évènements observés lors de manifestations violentes survenues au niveau du village de Kisankala dans la province du Lualaba le 18 et 19 mai 2023, nos reporters se sont intéressés de comprendre l’origine de telles situations où des civiles, manifestants ont été victimes de tirs d’armes de guerre. 

Des manifestations violentes qui ont eu lieu au village le 18 et 19 mai ont fait plusieurs victimes à cause de la répression. À l'origine un malaise au sein de la population et principalement de la communauté des artisans creuseurs qui sont chassés par des hommes armés de certains sites où ils avaient l’habitude de creuser pour que des opérateurs de nationalité libanaise puissent s’y installer et exploiter librement.

"La tension aurait apparemment monté dès qu’une jeune femme a été blessée d’une balle tirée dans sa jambe lorsque ces mêmes hommes armés repoussaient les manifestants des sites qu’ils sécurisent. Les plus radicaux des manifestants s’en sont pris à des engins et camions pour les incendier et ainsi bloquer les activités sur les sites d’exploitation que certains nomment Kalakundi, Sierra ou encore Moto Pompe", explique un témoin.

Une délégation du gouvernement provincial emmenée par le ministre des mines s’est rendue le lendemain sur les lieux pour calmer les esprits et promettre aux creuseurs qu’ils pourront travailler dans certaines zones de ces sites en bonne entente avec lesdits opérateurs libanais. 

"Malheureusement, nous avons constaté un énième incident violent entre des creuseurs et des opérateurs miniers industriel, presque un cas banal depuis que nous vivons des telles situations dans la province du Lualaba, sauf que lorsque l’on étudie la situation plus en profondeur, on se rend compte qu’il s’agit d’un fait beaucoup plus inquiétant et sensible que cela", s'inquiète les enquêteurs.

Les lieux dits de Kalakundi, Sierra et Moto pompe, sont des zones minières qui se trouvent au sein d’un périmètre minier connu du cadastre minier ayant le permis d’exploitation n°591 dont le titulaire est la société minière Swanmines issue d’un partenariat entre la compagnie Africo Resources DRC et la GCM. 

Selon les représentants de la société minière, titulaire des titres, "le périmètre concerné fait l’objet d’une spoliation industrielle desdits opérateurs libanais qui exploitent illégalement dans les sites de Kalakundi, station de pompage et Sierra depuis plusieurs mois où la protection est assurée par les éléments armés de la FARDC".

Et d'ajouter : "ces opérateurs illégaux se sont accaparé des sites par la violence et la menace via des hommes armés des FARDC qui ont littéralement attaqué les gardes de sécurité qui étaient alors en poste, il y a de cela plusieurs mois".

La réalité est qu’il semble que la concession d’exploitations artisanales dans le périmètre existe depuis 2016. Mais que ces exploitations ont été chassées et remplacées par ces nouveaux spoliateurs industriels qui agissent et exploitent tels que des envahisseurs. Plusieurs plaintes tant au niveau du gouvernement provincial que national via des lettres officielles avec accusés de réceptions ont été adressées par la direction de l’entreprise pour qu’ils puissent être assistés et se voir remis dans leurs droits reconnus par le Code minier.

« C’est aujourd’hui plus de 200 camions de minerais par jour qui sortent du gisement sans qu’aucune autorité compétente ne s’en inquiète », s'indigne un agent de la sécurité de la compagnie.

Les différentes sources approchées, tant dans la communauté qu’au sein de la compagnie Swanmines, rapportent toutes qu’il est de notoriété publique que ces opérations sont organisées sous le couvert de personnes prétextant être membres de la famille présidentielle, leur permettant de bénéficier d’une impunité totale de la part des autorités militaires et civiles.

Plusieurs questions se posent : comment un ministre provincial peut promettre aux artisans creuseurs et à ses opérateurs le partage et l’exploitation des sites de la compagnie Swanmines, titulaire du périmètre PE591 ? Pourquoi une société minière, titulaire de droit miniers, payant ses droits superficiaires est-elle incapable de recevoir écho de ses plaintes pour avoir assistance des autorités provinciales et nationales compétentes ? Comment les artisans creuseurs en arrivent-ils à se soulever et brûler des engins miniers après avoir été l’objet d’un refoulement extrêmement violent de la concession Swanmines, sans que le concessionnaire ne soit lui-même appelé pour débattre devant les autorités provinciales de l’incident constaté dans son périmètre ? Pourquoi tant de personnes approchées et rencontrées nous affirment que cette exploitation industrielle est organisée pour les intérêts de membres de la famille présidentielle ? Pourquoi les autorités civiles et militaires ne semblent pas répondre aux missives et requêtes de la direction de Swanmines ?

Une action judiciaire serait ouverte auprès du Parquet Général, mais là aussi, selon eux, force est de constater que les opérateurs sont à ce point protégés qu’ils se permettent avec leurs hommes armés de s’opposer à toute action du Parquet sur le terrain.