Ce lundi, la République Démocratique du Congo célèbre ses Forces armées. En ce moment où les hommes en uniformes sont mis en exergue pour le retour de la paix et de la sécurité dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, des Kinoises ont donné leurs propositions pour la réussite de l’Etat de siège d’une part, et l’amélioration des conditions des vies des militaires d’autre part.
Marie Chantal Tshibangu est agent dans une entreprise publique. Elle estime que l’instauration de l'État de siège dans ces deux territoires est en soit une bonne résolution de l’exécutif. Cependant, d’autres mécanismes devraient y être associés.
« Je pense qu’il faut maintenant procéder à un nettoyage profond au sein de l’armée congolaise. C’est vraiment une nécessité. Les experts, la société civile et même la population évoquent toujours la question des infiltrés. (…) Il faudra également faire soit un brassage, soit une mutation entre les militaires qui ont toujours travaillé dans cette région et ceux qui sont formés ici à Kinshasa », recommande Mme Tshibangu.
« Pourquoi ne pas avoir pris en compte la province du Sud-Kivu » ? s’interroge Esther Mwadiamvita. En effet, pour elle, l'État de siège devrait prendre en compte toute la partie Est de la RDC en proie aux violences et conflits armés.
Elle poursuit, « peut-être que le Chef de l’Etat et tous les services impliqués dans l’Etat de siège estiment qu’il fallait lancer l’opération dans ces deux territoires en premier avant de l’élargir. Au Sud-Kivu, nous apprenons que les enlèvements ont repris.»
A quelques mètres de Marie Chantal, Lucie Okako vend des bananes et des cacahuètes. « La guerre à l’Est a duré longtemps. A travers l'État de siège, des militaires sont allés se joindre à ceux qui sont au Nord-Kivu et en Ituri pour y rétablir la paix », dit-elle.
Et de renchérir, « une chose est sûre. Ils laissent derrière eux des femmes et des enfants. En d’autres termes, ils accordent une priorité à restaurer la dignité et l’intégrité du territoire congolais. En ce jour où nous les célébrons, j’appelle l’Etat congolais à penser à leurs conditions de vie. L’Etat devrait procéder à la paie des allocations de fin de carrière des militaires qui avaient été admis à la retraite depuis de longues années, il devrait penser à l’éducation de leurs enfants, à l’autonomisation des épouses militaires ».
Adèle Baluzi et Natalie Phanzu abondent dans le même sens. « Comment parler de la célébration des Forces Armées congolaises sans évoquer leurs conditions de vie ? Comment parler de la réussite de l'État de siège sans penser aux équipements, aux soldes, aux primes, à tous les moyens qui peuvent accompagner ces hommes en uniformes dans l’instauration de la paix à l’Est ? Quand on aura trouvé des réponses à ces questions, alors nous pourrons compter sur de meilleurs rendements de leur part », explique Adèle Baluzi.
A Nathalie de donner quelques exemples. « Dernièrement, nous avons appris aux informations qu’un militaire a tiré sur sa femme et ses enfants avant de se donner la mort, c'était à l'Est. A Kinshasa, nous voyons des militaires se transformer en roulage en espérant avoir de quoi nourrir leurs familles, certains se transforment en mendiants, d’autres encore se promènent dans les rues, parce qu’ils ont perdu la raison. Combien de vidéos n’avons-nous pas vu, des militaires sans équipements à l’Est ? Pour atteindre les résultats escomptés dans l'État de siège, il faut que l’Etat pense au bien-être social de ses militaires » a-t-elle proposé.
Pour rappel, célébrée jusqu’en 2018 pour commémorer l’entrée à Kinshasa de l’AFDL, la journée du 17 mai est depuis 2019 célébrée en l’honneur des Forces armées congolaises (FARDC).
Prisca Lokale