Manif anti-Monusco à Butembo : la paralysie des activités se poursuit sur fond de controverses

Monument Historique au coeur de Butembo/Ph ACTUALITE.CD

La ville de Butembo (Nord-Kivu) débute ce lundi 12 avril sa deuxième semaine sans activités pour décrier la recrudescence de tueries et exiger le départ de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Congo (Monusco), jugée passive pour le maintien de la paix dans l’Est de la RDC.

Boutiques, magasins et autres commerces sont, depuis, fermés. Certaines banques ont œuvré l’avant midi en guichet fermé, essentiellement pour le service de distribution automatique des billets.  Le transport en commun reste affecté et les écoles n’ont pas pu ouvrir.

Cette paralysie d’activités, observées depuis une semaine se poursuit, toutefois, sur fond de controverses de la part des organisateurs.

Samedi 10 avril, certaines associations, notamment le mouvement « anti-gang », ont appelé au changement de stratégie pour « permettre aux habitants de souffler ». Elles ont appelé à la levée des journées villes mortes et à l'observation de nouvelles actions à dater de ce lundi 12 avril. Parmi ces actions, elles décrètent l’incivisme fiscal, notamment la suspension de paiement des taxes, les tapages chaque jour à 12 heures et 19 heures, ainsi que l’institution de jeudi comme « journée ville morte », jusqu’à nouvel ordre. 

Dans un communiqué parvenu dimanche à ACTUALITE.CD, le mouvement « anti-gang » va plus loin et interdit la circulation dans la région des agents et engins de la Monusco, et demande à ceux qui les bases de cette mission en diverses denrées notamment l’eau, l’énergie de cesser dans l’immédiat.

« Les stratégies seront chaque fois adaptées à l’évolution du contexte », prévient le mouvement dans son communiqué.

Mais d’autres organisations de la coalition, notamment la Lucha, la Véranda Mutsanga et le Kyaghanda n’étaient pas d’accord pour la levée des journées villes mortes ce lundi. Elles ont, dans l’urgence, convoqué dimanche soir une rencontre d’attente pour décider de la poursuite des actions jusqu’au jeudi 15 avril. Les organisateurs disent avoir permis aux habitants de se ravitailler samedi, avec l’ouverture partielle des activités.

« Face à la multiplication des communications, nous nous sommes réunis pour aplanir les points de vue. Nous avons, avec d’autres organisations, dont Antigang, décidé de poursuivre avec les journées villes mortes pour deux raisons. La première, en décrétant ces actions, on s’était convenu qu’elles s'étendraient sur 10 jours, du 5 au 15 avril. Nous devons donc respecter cette échéance. La seconde raison, nous avons constaté qu’aucun résultat rassurant n’est atteint, et la population est favorable à la poursuite des journées villes mortes », explique à ACTUALITE.CD, Jean Pierre Kasma, militant à la Lucha.

Ainsi, le mot d’ordre semble avoir été suivi. Personne n’a osé ouvrir son commerce. A certains endroits, comme à Nziapanda, des jeunes ont transformé la chaussée en terrain de football, bloquant ainsi le trafic. Les autorités ont déployé des policiers et militaires dans des coins stratégiques pour parer à toute éventualité.

Ces journées n’arrangent pas les autorités. Vendredi, dans un entretien avec la presse, le maire de Butembo a appelé les jeunes à revenir à la raison pour éviter de plonger la ville dans une anarchie.

« Ce n’est pas de la blague. Nous avons le devoir de donner de l’orientation à notre population. Lorsque notre population n’est plus disciplinée à suivre les orientations de l’autorité en place, c’est que nous allons devenir une société qui pourra être comparée à une jungle. Je demande à la population de pouvoir revenir à la raison. Que chacun ait le sens de responsabilité, que vous soyez opérateur économique, que vous soyez leader d’opinion dans votre quartier, votre avenir, votre commune. Il est temps de revenir à la raison », interpelle le maire Sylvain Kanyamanda.

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Claude Sengenya