RDC : fosses communes, tombes individuelles, maisons détruites, les délicates élections de Yumbi

Photo ACTUALITE.CD

Le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, Abdoul Aziz Thioye, a dressé la situation à Yumbi à quatre jours de l’organisation des élections législatives nationales et provinciales dans cette circonscription.

« La difficulté effectivement, comme vous le savez, c’est d’organiser les élections dans les conditions actuelles à Yumbi, ça je pense que ça tombe sous le sens que c’est un peu compliqué avec les fosses communes, les tombes individuelles, les maisons détruites. Il y a une situation traumatique qui existe là et vous avez aussi une partie de la population qui a été déplacée. Mais la décision appartient aux autorités. Nous sommes dans un pays souverain, c’est aux autorités de prendre la décision de tenir les élections, je pense que c’est la décision qui a été prise », a-t-il réagi à une question qui lui a été posée pendant la conférence organisée mercredi à Kinshasa.

Le vice-ministre de l’Intérieur, Basile Olongo, le même mercredi 27 mars, redoutait une faible participation aux élections législatives nationales et provinciales.

« Le retour de nos compatriotes est timide. D'où, si la CENI tient à organiser les élections le 31, il y aura un faible taux de participation », a-t-il dit à ACTUALITE.CD.

Pour sa part, le Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, Abdoul Aziz Thioye, pense que tout dépend de l’appréciation des autorités congolaises en tenant compte de la perception de différentes communautés sur la symbolique de la tenue de ce scrutin.


« Mais évidemment, s’ils considèrent effectivement que les conditions ne sont pas encore réunies pour avoir les élections à Yumbi, cela irait dans le sens d’un apaisement des tensions entre les communautés. Parce que la perception sera très forte de la part d’une communauté de penser effectivement que les élections ont été organisées à son détriment parce qu’elle a été la plus frappée en termes de déplacement que l’autre », a-t-il dit.

La CENI, elle, se dit prête à organiser ces élections. Les matériels ont été déployés et la dernière formation des agents électoraux se termine ce vendredi. Aussi, le BCNUDH a déployé une équipe sur place avec le soutien d’une base temporaire militaire de la MONUSCO.

Pour le contexte, OCHA renseigne qu’entre janvier et mars 2019, des retours timides ont été observés à Yumbi en raison de l’amélioration de la situation sécuritaire, de la présence accrue des acteurs internationaux et du gouvernement, et du début des interventions humanitaires. Suite aux exercices de ciblage effectués par les acteurs humanitaires, le nombre de déplacés a été revu à 9 618 (1 603 ménages) et 5 418 personnes retournées (903 ménages). Ce chiffre s’ajoute aux 11 143 réfugiés qui demeurent encore en République du Congo.