Galerie article 15 : dix artistes visuels exposent à Kinshasa

exposition article 15
Ph. ACTUALITE.CD

Les dix premiers artistes visuels retenus par la galerie américaine d’art contemporain congolais dénommée “Article 15” exposent leurs œuvres à Texaf Bilembo dans la commune de la Gombe. Ils ont été sélectionnés par processus collaboratif avec l’équipe de la galerie installée à Kinshasa, tenant compte de la qualité, l’originalité, le style, la technique, le thème mais aussi la vendabilité sur le marché américain.

Le vernissage de l’exposition a eu lieu jeudi 12 janvier. Les visites se sont poursuivies et terminées dans la journée du vendredi 13 janvier. Des œuvres diverses ont été exposées, sur différents thèmes. Tous les artistes sont jeunes. A l’image d’Esther Mido qui vient de finir la troisième année à l’académie des beaux-arts. Dans ses 4 tableaux, travaillés en acrylique sur toile, elle parle de la femme et son énergie étouffée par la société et par elle-même.

Elle estime qu’une femme peut gérer plusieurs travaux à la fois mais elle se limite. Ce qu’elle représente dans le tableau qu’elle dit “Auto esclave”.

« J’ai été inspirée de l’histoire de porta potty à Dubaï. Des femmes qui gagnent de l’argent mais dans la maladresse. La boule et la chaîne d’or représente la richesse, la femme voilée veut dire qu’elle s’ignore », explique-t-elle.

Inspirée des tragédies de l’Est de la RDC, elle a produit un autre tableau où on perçoit une femme voilée qui écrit NON avec du sang. Comme pour dire stop à la guerre.

Exaucé Kosolene, artiste photographe de Goma participe à l’exposition. Il est revenu sur le même sujet autour des massacres dans la partie orientale du pays. Ses quatre photos présentées parlent des déplacés. Il a photographié la vie dans un camp de réfugiés à Kanyaruchina, en territoire de Nyiragongo, à Goma. Une photo attire l’attention, celle d’un enfant dans un abri de fortune, avec un regard pâle.

« Dans cette photo, je veux montrer au monde comment les gens laissent leurs maisons pour se réfugier dans des camps comme ça, sous des feuilles de banane, à l’abri de rien. Les maladies sont à leur portée. Cet enfant a faim et manque à manger », dit-il.

Pour sa part, l’artiste Christian Bokula a exposé des œuvres liées aux problèmes de l’environnement. Il utilise les matériaux qui détruisent l’environnement pour produire ses œuvres dont principalement les déchets plastiques.

« C’est une interpellation pour nous-mêmes et ceux qui ont le pouvoir de stopper l’utilisation des plastiques pour passer à d’autres alternatives. Mes œuvres sont une alternative mais à moi seul, je ne saurai les vider », indique Christian.

Deux tableaux de peinture avec du collage des couvercles de bouteilles, sont directement liés aux problèmes d’assainissement. Un porte le titre de Salongo. On y voit un homme qui tient une bêche et travaille. Comme pour dire que cette pratique de propreté a été oubliée, laissant toute la charge à l’Etat. Alors que cela est lié en grande partie par la gestion quotidienne des lieux d’habitation par la population, même si les autorités ont leur part.

Dans un autre, une petite fille qui balaie. Le titre, c’est Dès l’enfance. Pour montrer aux enfants qu’il faut protéger l’environnement, quand ils grandiront, ils auront à l’idée, cette notion.

Atolo Edom, Nkisisa Patrick, Kalonji Isaac, Mvenge Muller, Nkaya Victoire, Tabu Sephora et Yongo Hugues font partie des 10 artistes qui ont exposé. La galerie “Article 15” travaillera à la vente de leurs œuvres d’art aux Etats-Unis avec les marchands d’art et d’autres galeries évalués à plus de 4 500 et les musées évalués à 3 500 à travers ce pays, troisième plus peuplé au monde.

Sa fondatrice, Elizabeth Jaffee, a procédé aux explications détaillées le 11 août 2022, au cours d’une rencontre organisée par le Salon International des Arts Visuels de Kinshasa au Musée national de la RDC. Devant artistes peintres, photographes, sculpteurs ; la galeriste américaine avait indiqué vouloir être dans la logique de la promotion de l’art et des artistes congolais. Ancienne diplomate, elle a circulé dans plusieurs pays mais elle s’est dit être particulièrement touchée par l’art congolais.

Emmanuel Kuzamba